samedi, juillet 21, 2012

Nouÿ-Sylvestre-Mazerolle-Faivre

Jean-Jules-Antoine Lecomte du Nouÿ

autoportrait
est plus fréquemment placé sous l'étiquette orientaliste que pompier, mais on a vu avec Gleyre et Gérôme (dont il fut successivement l'élève) que ces notions se confondent souvent.
On regrette qu'un de ses tableaux les plus importants, Les Porteurs de mauvaises nouvelles soit actuellement détenu par le Ministère des Affaires Culturelles de Tunis, qui n'en fait rien puisque les seules reproductions qu'on en trouve datent du temps où il était la propriété  du Musée du Luxembourg, acheté par l'Etat français en 1872.


 L'antiquité égyptienne demeure un sujet récurrent, peut-être en hommage à Théophile Gauthier qui le défendit:
Tristesse de Pharaon (détail)




Avant ses voyages en grèce et au moyen-orient, Lecomte du Nouÿ obtint la commande de deux panneaux pour l'Eglise de la Trinité, dont un détail de Saint-Vincent de Paul ramenant des galériens à la Foi trahit un certain goût de l'académie spectaculaire:

C'est le cas également du tryptique d'Homère mendiant (détail avec l'Illiade à droite)
comme des étranges académies de
Mort pour la patrie

et Alexandre au tombeau d'Achille avec sa référence à Régnault
 

Orientaliste donc, avec ses nombreuses scènes de Harem
Les portes du sérail

Le philosophe sans le savoir
Lecomte du Nouÿ s'essaya également aux sujets gaulois en vogue
Les gardes-côtes gaulois



Jean-Noël Sylvestre

Il n'y a guère que quatre ou cinq tableaux fréquemment reproduits de ce peintre biterrois, élève de Couture et Cabanel, qui n'obtint qu'un troisième prix de Rome l'année du Soldat de Marathon. Pour Locuste essayant des poisons sur un esclave, il faut se contenter d'une version gravée


et de l'étude
 

La pièce maîtresse de sa production est maintenant bien connue, elle résume à elle seule tout ce qu'est l'Art des pompiers, virtuosité d'expression, barbares dans Rome, décors, statuaire, métaphore habile, transcendance de l'académisme:

Le sac de Rome par les Barbares en 410




L'antiquité romaine est représentée par La Mort de Sénèque (salon de 1875) qui renvoie par la pose figée au Retour de Marcus Sextus de Guérin dce 1799, tableau emblèmatique du néo-clacissisme:


 Pierre-Narcisse Guérin Retour de Marcus Sextus (épisode imaginaire de l'antiquité)


La veine gauloise apparait dans Ducar décapite Flaminius à la bataille de Trasimène

 L'époque contemporaine apparait à travers le portrait de Rude sculptant l'arc de triomphe


Alexis-Joseph Mazerolle

est surtout connu des amateurs de nus masculins pour avoir traité également le thème de Néron essayant des poisons sur un esclave. On ne connait pas le tableau final, mais les études restées dans les collections d'état sont célèbres:


Comme ses contemporains, son académisme versa également dans la veine gauloise:
Eponine réclamant au romain la grâce de Sabinius
grand dessinateur
Oreste et Clytemnestre
 un apôtre de la Cène
Mazerolle connut une certaine vogue commerciale pour ses innombrables décors de cafés, bâtiments publics et privés
Judith et Holopherne

On lui doit les points cardinaux (grisailles) du plafond de la Bourse

L'intérieur est décoré de panneaux peints représentant des personnages symbolisant les quatre points cardinaux, par Alexis-Joseph Mazerolle, et de fresques monumentales évoquant l'Histoire du Commerce entre les Cinq continents par Évariste-Vital Luminais (L'Amérique), Désiré François Laugée (La Russie et le Nord), Victor Georges Clairin (L'Asie, L'Afrique) et Hippolyte Lucas (L'Europe). (Wikipedia)
Léon-Maxime Faivre

Elève de Gérôme, Léon Faivre est connu pour un tableau anachronique représentant la Mort de la princesse de Lamballe, exposé en 1908:


Sa facture montre bien en quoi il se rattache au courant Pompier, même si ses sujets relèvent parfois plus de la peinture de genre ou du fantasme que de la peinture d'histoire.

On ne peut manquer de mentionner sa gravure Chez Marseille, représentation peu connue d'une arène de lutte:



Représentatif de l'évolution du pompiérisme dans les années 1880, il est à la fois le continuateur de Gérôme

avec La dernière victoire
 représentation sur un thème similaire un peu moins violente que le Spoliarum de Juan Luna


et, comme Corman et Jamin, un représentant de la "peinture préhistorique" avec Les envahisseurs

Vers l'hyperréalisme

D'après la notice du musée de Lille qui le détient, Emile Salomé aurait peint L'enfant prodigue méditant à Rome en 1863. C'est à peu près le seul tableau connu de ce peintre, mais sa notoriété fait de l'ombre au Jeune homme au bord de la mer de Flandrin:


Ce tableau de jeune homme nu au milieu d'un paysage relève-t-il du style pompier? Par la précision des feuillages, de l'écorce de bouleau, par la technique photographique de la peinture du corps marmoréen, par le détail du paysage, avec cet étrange tumulus, ce tunnel énigmatique posé à droite, par la mise en scène, puisqu'il semble même y avoir un autre personnage, au loin, très loin au point focal de la perspective, on est tenté de dire que oui.

On pourrait en dire autant, malgré le minimalisme du décors, mais l'incroyable détail de la chevelure, d'Après la tempête d'Augustin Feyen-Perrin:


Le délicat clapotis de l'eau qui se retire est à soi seul la mise en scène de ce tableau dont on se rend compte qu'il ne s'agit que d'une étude, beaucoup plus connue aujourd'hui que la toile dont elle est un brouillon partiel,
Charles le téméraire retrouvé trois jours après la bataille de Nancy (1865) : le noyé de Feyen-Perrin n'y est qu'un personnage secondaire, qui fait pendant au corps de Charles dont le visage méconnaissable avait été dit-on lacéré par les loups.

Ici c'est la tache de sang, bien trop rouge pour s'accorder aux couleurs des vêtements des vivants qui remplace l'eau du retour au calme. Les deux personnages sont également morts, comme le seraient des gladiateurs dans l'arène.
On a souvent qualifié Feyen-Perrin, de réaliste cru. Dans la leçon d'anatomie de Velpeau, il décalque une mise au tombeau, donnant aux assistants des visages caravagesques, faisant de l'homme à la blouse une sorte d'exécuteur des basses oeuvres devant un christ mort.

Ce n'est plus une scène réaliste: au milieu Velpeau est figé comme un personnage de David, il regarde droit dans les yeux le spectateur. L'abus des détails, le tablier de boucher, la lumière égale qu'on croirait déjà électrique, la perspective bornée par le coin de mur qui projette la scène vers l'avant,tout contribue à donner une vision photographique, plus exacte que le daguerréotype qui brouillerait les plans et les expressions.

De cette observation d'une dissection qui va commencer, on tirerait volontiers que postulat que l'art pompier est non pas un réalisme, mais une forme d'hyperréalisme appliquée à l'histoire, un moyen d'échapper à la reproduction photographique en fabriquant des photographies du passé, quitte à traiter le contemporain comme l'antique. C'est un fantasme qui a trop les apparences du réel pour exister, un trompe l'oeil appliqué non plus à l'objet mais à l'événement., et ce même quand le décors et les costumes ne permettent pas de situer l'époque. L'art pompier, comme le cinéma qui à ses débuts s'en inspire est l'invention d'un présent éternel.

Vérifions-le dans quelques académies des jumeaux Jean et Emmanuel Benner:
 Jean Benner Le naufrage ou L'Italien
 
 Jean Benner Irène soignant les blessures de Saint Sébatien
 Jean Benner Combat des pélagiens et des filles de Lemnos

 Jean Benner Briséis pleurant sur le corps de Patrocle
 

 Emmanuel Benner Hercule entre le vice et la vertu
 

 Emmanuel Benner Pêcheurs
 

Emmanuel Benner Chasseurs à l'affût

 

Emmanuel Benner Chasse à l'ours aux temps préhistoriques












Aucun commentaire: