samedi, juillet 21, 2012

Gerôme

Jean-Léon Gerôme résume à lui seul le style pompier. On ne trouve aucun nu masculin d'étude de Gerôme, même s'il est probable qu'il en ait produits: son œuvre abonde en revanche en nu féminins au milieu de personnages habillés, ce qui justifie l'accusation d'érotisme hypocrite souvent dirigé contre Gerôme qui finira, tournant le dos à l'idéal néo-grec, par devenir le symbole de l'académisme tout en en ayant combattu tous les codes.
Ce n'était pas tout à fait le cas à ses débuts:

Veillée funèbre
 Tête de paysan italien
Outre le combat de coqs de ses débuts, L'innocence ou Daphnis et Chloé paraît être l'unique tableau de Gérôme comprenant un nu masculin explicite, même si le sexe de Daphnis est joliment masqué par un bouquet de fleurs:


Unique tentative de synthèse académique dans toute l’œuvre de Gérôme et comprise comme une exaltation du second empire et du colonialisme sous l'égide retrouvée de l'Eglise, Le siècle d'Auguste laisse le public indifférent lors du salon de 1855


Le premier grand panneau à gauche était presque entièrement occupé par le tableau de M. Gérôme, le Siècle d'Auguste (3164) : Auguste était sur le trône ; il s'appuiait sur la figure emblématique de Rome; Tibère, héritier du trône, était à sa droite, ainsi que les hommes d'Etat, dans l'ordre suivant : Mécène, Agrippa, Hortensius, Marcellus et Cicéron ; à gauche étaient les artistes qui illustrèrent ce siècle : Horace, Tibulle, Virgile, Vitruve et Ovide ; les deux Brutus descendaient les marches, armés encore du faisceau et du poignard, cherchant dans l'avenir un vengeur ; derrière eux, on aperçevait le cadavre de César; un peu plus loin, à gauche, ceux d'Antoine et de Cléopâtre. Tous les peuples du monde connu accouraient adorer le nouvel empereur. Au centre, derrière l'autel païen, abrités par les ailes d'un ange, la Vierge et saint Joseph prient auprès de Jésus, qui vient de naître. (Guide du salon de l'Industrie et de l'Art 1855)


L'étude montre à l'évidence l'influence d'Ingres dont l'Apothéose d'Homère de 1824 avait déjà laissé dubitatif, en plein début du romantisme (et exposé en face du Sardanapale de Delacroix) le public de l'époque:




Entre l'étude et le tableau final, Gerôme a supprimé les anges allégoriques, estompé le public du cirque, devenu une muraille lointaine. Il a rhabillé les barbares




et considérablement développé la partie gauche




Lors du même salon, Gérôme expose un petit tableau moderne, le Piffarero




qui montre combien décors, mise en scène et costumes sont toujours préférés à la représentation de figure humaine proprement dite.
Au hasard et sans tenir compte des dates de création, les représentations masculines dans la peinture de Gérôme montrent combien la préoccupation anecdotique et ethnographique passe avant le modèle lui-même:
Bachi-Bouzouk noir
 Guerrier Bishari

Le charmeur de serpent
 Bachi-Bouzouk dansant
 
 Chef Bachi-Bouzouk


 Un boucher turc à Jérusalem

 Derviche tourneur


 Fête albanaise
 Le prisonnier
 Danse Pyrrhique
 qu'on comparera avec la version de Lawrence Alma Tadema, très habillée également alors que toutes les représentations de vases antiques représentaient ce rituel certes avec glaive et bouclier mais mais montraient des soldats nus

ce qui fait que les deux seuls véritables nus masculins de Gerôme sont
Diogène (1860)
 et Cave Canem, prisonnier à Rome
 si l'on exclut Androclès
 et Polyphème



Les intérêts de Gerôme alternent entre orientalisme antique et période moderne:
Mort de César
 César mort
 
 L'exécution du maréchal Ney

De même les arènes modernes



font pendant les tableaux les plus célèbres de Gerôme, si universellement reproduits qu'il inspireront les premiers péplums du cinéma:

 Ave Caesar, morituri te salutant où le détail du filet qui couvre le cirque est plus admirable que l'exécution des figures
L'entrée des fauves
 La sortie des fauves
 Les études de gladiateurs


pour Pollice verso

 détail

C'est avec ce groupe que Gérôme passera à la sculpture, allant jusqu'à se représenter en trois dimensions travaillant à son œuvre:








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