Le Prix de Rome et les concours académiques (1ère partie)
Alexandre-Romain Honnet, Manlius Torquatus condamne son fils à mort prix de Rome 1799
ex-aecquo avec (ci-dessous) Augustin-Alphonse Gaudar de la Verdine
Alexandre-Charles
Guillemot, 1808, Erasistrate
découvre la cause de la maladie d’Antiochus
Le concours de la Demi-figure peinte, dit aussi concours du Torse, fut institué en 1784, sur proposition de Quentin de la Tour, pour compléter celui de la Tête d'expression qui, marchepied pour le Prix de Rome, concernait essentiellement des modèles féminins, peu susceptibles d'être inclus dans les tableaux d'histoire, les modèles n'étant pas admis à poser en loge, remplacés par des mannequins drapés.
Le nouveau concours de Quentin, en discussion depuis 1776, débute en 1784, soit une vingtaine d’années après celui de Caylus... Instaurée par Quentin, cette compétition, dite aussi concours du Torse, consiste en l’étude d’un torse avec les mains peintes sur une toile de 40 (1 x 0,8 m). Il demande effectivement les mêmes exigences que les compétitions d’Esquisses en composition historique et constitue par conséquent clairement une préparation au Prix de Rome. D’une durée d’une semaine à raison de 7h de travail par jour, le montant du premier prix ;s’élève à 300.- francs, soit le triple du montant du concours de Caylus. A l’évidence, ce concours du Torse permet une bien meilleure préparation au Prix de Rome que celui de la Tête d'expression. En effet, les thèmes historiques du Prix de Rome convoquent essentiellement des personnages masculins, alors que pour la Tête d’expression le modèle est généralement féminin, le sujet du concours est le plus souvent une expression que nous qualifierons de ‘féminine’ et l’expressivité est uniquement étudiée sur les traits du visage. Dans le concours du Torse, les élèves doivent dessiner un modèle nu, masculin, à mi-corps, dans une pose donnée. Le corps et les membres, représentés jusqu’aux genoux, sont en action, l’expression de la face complétant l’attitude du corps. (Thèse de doctorat de Catherine Schaller)Le premier lauréat fut Bernard Duvivier en 1784
En 1785, c'est Guillaume Guillon-Lethière, fils d'un procureur du roi et d'une esclave affranchie de la Guadeloupe qui l'emporte. Second prix de Rome l'année précédente, il deviendra plus tard directeur de l'Académie.
Tour à tour peintre révolutionnaire, impérial, admis à l'institut sous la restauration, Lethière est entre autre célèbre pour sa Mort de Caton de 1795
de Lethière (qui s'était ainsi nommé car il était le troisième enfant) toujours, ce travail d'école
et cette étude plus tardive
Jean-Baptiste François Desoria (1786 pour cet Hamlet, rare torse accessoirisé) se fera un nom comme portraitiste et dirigera jusqu'à sa fermeture l'Académie des Beaux-Arts de Metz (1825)
académie de Desoria
En 1787, c'est François-Xavier Fabre
Couronné la même année par le premier prix de Rome pour Nabuchodonosor fait tuer les enfants de Sédécias en présence de leur père
Fabre nous arrêtera un moment pour le nombre d'académies qu'il a laissées. En 1789, ce Saint Sébastien
La célèbre Mort d'Abel (1791)
Le gladiateur au repos
Ce dernier étant une attribution incertaine, on s'étonne que personne n'ait songé à lui créditer -ou au suivant- le prisonnier romain du musée de Cahors, toujours anonyme:
En 1788, premier à retourner sa toile, Etienne-Barthélémy Garnier, comme Favre avait commencé à le faire transformant en rochers les boites du mobilier d'atelier, improvise un paysage et une mise en scène:
dans la foulée il emporte cette année-là le premier prix avec La mort de Tatius
couronnant ainsi ses études
Jacques Réattu, natif d'Arles, concurrent malheureux en 1788 (Mort de Tatius)
gagne l'épreuve du Torse en 1789
Premier prix de Rome 1790 pour Daniel fait arrêter les vieillards accusateurs de la chaste Suzanne
il deviendra à son retour de Rome un spécialiste de l'allégorie révolutionnaire tout en continuant à cultiver la peinture d'histoire. Sa production connaîtra ensuite un arrêt d'une vingtaine d'années pour ne reprendre que vers 1824. On y a sans doute perdu le meilleur représentant du nu révolutionnaire:
Apollon rendant à Hector la santé pour combattre les grecs
Le Triomphe de la Civilisation
Prométhée élevé au ciel au ciel par le génie de la liberté et protégé par Minerve
Mort d'Alcibiade (1796)
Le Triomphe de la Liberté: les porteurs de cet étrange tableau rappellent assez ceux du triomphe d'Alexande à Babylone, comme les morts piétinés par la liberté et son génie illuminé se souviennent des batailles de Versailles. Il y aurait beaucoup à dire de ce tableau assez unique en son genre, à commencer par la présence des instruments maçonniques dans l'ombre de l'allégorie:
Le songe de Jacob
Une session isolée couronne Charles-Toussaint Labadye en 1792
En 1795, les Académies sont refondues en une administration unique, l'Institut. Quand le Concours de Rome reprend, en 1797, comme pour se dédommager des années d'inactivité, le jury attribue trois premiers prix, fort inégaux, pour La Mort de Caton d'Utique:
Pierre-Narcisse Guérin
Louis-André-Gabriel Bouchet
et plus curieusement le très torturé tableau de Pierre Bouillon
On sait quel grand professeur fut Pierre-narcisse Guérin: bien qu'il semble pour son propre compte avoir préféré les figures féminines, on peut mentionner ces dessins:
attribué
Le concours du Torse connait aussi cette égalité, récompensant en 1897 Joseph-François Ducq
et Claude Gautherot
lequel récidive en 1798
accompagné de Jean-Pierre Granger
Seul le dernier décrochera un premier Prix, en 1800 (Antiochus renvoie son fils à Scipion)devant Ducq et Ingres, deuxièmes ex-aecquo.
En 1798, le premier prix de Rome échut à Fulchran-Jean Harriet
Il apparaît clair avec ce peintre qu'on a changé d'époque et qu'il est le précurseur du style empire. Son oeuvre est restée presque inconnue à l'exception du Roland furieux exposé de façon posthume:
On peut
remarquer la similitude de ce tableau avec le Milon de Crotone du château de
Loubens-Loragais, attribué à un certain Stephani Vignes, introuvable par
ailleurs
Gaudar de la Verdine, Narcisse (peint à Rome, musée de
Chatellereau)
En 1800, il partage le prix du concours du torse avec Ingres,
apparemment familier de ce modèle qu'on peut penser être Cadamour
Le torse de 1801 où Ingres l'emporta seul paraît avoir disparu en main privée. A son deuxième essai, Ingres emporta le prix de Rome avec ce tableau demeuré célèbre Les Ambassadeurs envoyés par Agamemnon à Achille, pour le prier de combattre
dont l'esquisse, découvrant le personnage de droite, ne présente pas le raffinement à l'arrière plan de ce tableau dans le tableau
1803 Jean-Pierre Granger (on peut douter de la date ou de l'attribution, Granger étant déjà 1er grand prix de Rome en 1800)
1804 François-Joseph Heim
et Merry Joseph Blondel. Ces deux tableaux posent un problème puisqu'on y identifie le même modèle, mais que la pose n'est pas identique
1805 Pierre Louis Grevedon
1806 Guillaume François Monnais
Le tableau de Heim Thésée vainqueur du Minotaure (1807) présente une composition originale
Ce tableau resté anonyme, traite le même sujet de Thésée vainqueur du Minotaure, mais son format le rend peu susceptible d'être destiné au concours. On pourrait en revanche supposer qu'il soit un envoi de Rome d'un des lauréats:
Parmi les autres œuvres de François-Joseph Heim, on distinguera ces études:
Songe d'un héros antique
cette dernière peut-être destinée à la figure de Jupiter dans le plafond commandé par Charles X illustrant Jupiter donnant le feu au Vésuve (détail du plafond et du modello)
ainsi que le Sac de Jérusalem du Metropolitan
Merry-Joseph Blondel, auteur en 1803 de cette étude de Zénobie trouvée par les bergers (futur sujet de concours)
l'emporta avec le très académique Énée emportant son père Anchise .
l'emporta avec le très académique Énée emportant son père Anchise .
et rencontra la célébrité avec Apollon et Hyacinthe
avant de se consacrer aux décors de plafonds et de produire en conséquence ces études allégoriques et mythologiques:
HerculeLe Silence
Neptune
Mars
L'étude pour la fresque d'Eole
Dans la liste des Prix de Rome, on s'étonne de voir couronné deux fois Felix Boisselier, c'est sans doute qu'il y a confusion entre son frère cadet Félix-Antoine (peintre de paysages) et lui, qui mourut prématurément à Rome laissant au moins ce tableau célèbre de Berger antique
A Jérome Martin Langlois, vainqueur en 1809 avec Priam réclamant à Achille le corps de son fils, d'une belle lumière et aux motifs d'arrière plan plus intéressant que le principal,
et s'est vu attribuer ce Guerrier de Marathon
On passera sur quelques autres pour en venir à Michel Martin Drölling, autre élève de David qui reprit son atelier lors de son exil (il convient de ne pas le confondre avec son père Martin Drölling, spécialiste des scènes de genre à la hollandaise).
En 1810, Drölling l'emporte pour La colère d'Achille
Les sujets académique de peinture mythologique abondent dans l’œuvre bien oublié de M.M. Drölling. La même année 1810 il peint un Agammemnon regardant Achille remettre à Nestor le prix de la sagesse
En plus des deux dessins académiques des collection du Louvres
on peut citer ce Philoctete guérissant ses blessures dans l'ïle de Lemnos
et cette scène antique où les exégètes reconnaissent une mort de Sénèque:
Deuxième en 1810, Alexandre Denis Abel de Pujol décroche une premier prix l'année suivante. Son tableau de concours Lycurgue présente aux Lacédémoniens l'héritier du trône
est moins palpitant que l'étude:
C'était déjà le cas pour sa Clémence de César (1809)
Etudes de trois vieillard pour le Triomphe des grands hommes
L'ignorance
Résurrection du Christ
Auteur de divers plafonds dont celui de la Bourse et en partie de la galerie de Diane à Fontainebleau, il laisse deux nus académiques frappants:
Sisyphe
Ixion
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