Conférence
sur une tombe (Quaranta)
Résumé de la conférence de Jean-Marc Quaranta à la Fondation Singer-Polignac, le 11 mars 2011 :
C'est une amitié qui m'intéresse aussi
parce qu'elle transcende les barrières de classe. Elle
transgresse. Là je crois qu'il y a chez Agostinelli une dimension
politique dans cette relation.
On n’a pratiquement aucune trace de
leur correspondance.
C'est avec la tombe qu'Agostinelli que
débute cette histoire. Proust l'évoque dans une lettre de 1915 à
Mme Catusse, il dit "Je ne sais pas où se trouve cette tombe au
cimetière de Nice." Je supposais que cette tombe se trouvait au
cimetière du Château, et j'avais tort, elle se trouve au cimetière
de Caucade, près de l'aéroport. Un jour d'août 2009, j'ai trouvé
cette tombe... qui est en ruines. une chapelle en marbre qui est
ceinte de chaînes.
On retrouve ces éléments-là épars
sur la tombe, elle s'est effondrée. On trouve sur cette tombe une
plaque brisée où on lit les mois et année de naissance
d'Agostinelli, octobre 1888 et on voit aussi le 30 mai 1914, et aussi
l'aviation.
On trouve aussi au bord de cette tombe
une petite plaque qui indique qu'elle fait l'objet d'une procédure
de relèvement. c'est à dire que la mairie avait l'intention, au
moment où je l'ai retrouvée, dans les trois mois à venir, de la
reprendre en sa possession et de la détruire ; alors non pas pour
récupérer l'emplacement parce que les normes ne sont plus les
mêmes, mais simplement parce que les voisins se sont plaints de
l'état de délabrement de cette sépulture. Donc j'ai alerté les
services de la mairie sur la nature particulière pour le
patrimoine de cette tombe et nous avons réussi à arrêter la
procédure... Les éléments vont être stockés en lieu sur.
Maintenant il faudrait trouver les descendants d'Agostinelli.
Il y a une piste assez sérieuse du côté de son frère Emile qui a eu nous apprend la correspondance au moins deux enfants, puisque Proust parle de ses enfants.
Il y a une piste assez sérieuse du côté de son frère Emile qui a eu nous apprend la correspondance au moins deux enfants, puisque Proust parle de ses enfants.
Je n'en ai retrouvé qu'un, celui qui
est né à Nice... et c'est une fille qui est née en juillet 1914 et
dont le prénom est Marcelle.
Qui trouve-t-on d'autre dans cette tombe
ou à qui est-il fait référence? On trouve deux plaques dont une en
italien, commémorative,qui est à la mémoire d'Emile Agstonelli -
qui n'est pas enterré là - qui est donc né à Monaco en 1890 et
mort sur le front italien quelques jours avant l'armistice, en
novembre 1918, et dont les descendants sont les seuls à pouvoir
intervenir sur cette tombe. L'acte de naissance de Marcelle ne porte
aucune mention marginale. On trouve la personne pour qui cette tombe
a été crée, pour qui la concession a été achetée, donc
Catherine Agostinelli (née Marie-Catherine Bensa), Vve Vittore.
On trouve une plaque à la
mémoire de Jeanne Gély, ce qui ne vous dira rien puisque nous la
connaissons sous le prénom d'Anna et sous le nom de Square. Il se
trouve que sur cette plaque-là elle se fait appeler Jeanne, ce qui
n'est pas son nom dans l'état civil, et Gély est son nom d'épouse.
Elle s'est marié en 1927 à Paris avec un jeune ingénieur qui était
plus jeune qu'elle et elle est décédée à Nice et enterrée dans
cette tombe aux côtés d'Alfred avec qui elle a vécu chez Proust.
Il a également Etienne
Vittore et Joséphine Vittore, demi-soeur d'Alfred : Proust
s'intéresse à elle aussi dans une lettre à Louis Gauthier-Vignal
où il lui demande : " Vous savez qu'une biographie le situant
socialement et peignant son esprit caractère, sa vie par des
analogies avec des personnes que je connais, du baron Duquesnes, que
votre père a connu, m'intéresserait beaucoup..." L'intérêt
de Proust pour le baron Duquesnes vint de ce qu'il a, dit-il "a
vécu longtemps avec la sœur de mon ancien chauffeur puis secrétaire
et surtout grand ami, Alfred Agostinelli, et à travers ses récits
m'intriguait". Même différence sociale, même type de vie
maritale... c'est ce qui m'amène maintenant à aborder justement à
travers les éléments que j'ai pu retrouver un épisode important de
la relation entre les deux hommes, c'est-à-dire le moment où
Agostinelli s'installe au début de l'année 1913 nous disent les
biographes, en réalité sans certitude entre janvier et juin.
Cela est d'autant plus
important qu'on a pris l'habitude depuis les années 30 de voir dans
l'arrivée d'Agostinelli une source de chagrin et à penser
qu'immédiatement l'installation d'Agostinelli a donné lieu à une
souffrance parallèle, symétrique à celle que l'on observe dans le
roman.
La première question à
résoudre est celle de la date : pour ma part je crois que ce n'est
pas dans les deux premiers mois de l'année dans la mesure où au
mois de janvier Proust évoque dans une lettre à Mme Straus d'autres
chauffeurs mais pas Agostinelli, et qu'il se dit aussi seul et qu'il
espère le retour de Reynaldo Hahn. en revanche on a un élément qui
nous est donné par le témoignage de Céleste qui dit qu'elle a
rencontré pour la première fois lors d'une partie de campagne en
forêt avec Anna Square, Odilon Albaret et que cela prend place au
moment où Agostienlli était déjà installé chez Proust, et si
l'on regarde les dates le mariage a eu lieu le 27 mars, Odilon est
parti pour Pâques qui avaient lieu le 23.
Une hypothèse est que
pendant ses trois mois d'absence d'Odillon, il lui aurait peut-être
cédé son taxi, et l'on voit Proust sortir beaucoup dans cette
période-là donc il aurait eu besoin d'un chauffeur. ce qui est
certain c'est que se produit à ce moment-là dans la vie de Proust
un changement. On le voit "changer ses heures" dit-il dans
plusieurs lettres. On le voit aussi souhaiter, précisément pour
changer ses heures descendre vers la Suisse à Valmont pour faire une
cure. Il y parvient sans partir, se réveillant à deux heures au
lieu de 2 heures du matin. Il dit aussi qu'il a l'espoir maintenant
de s'éloigner de cette vie. On est loin des chagrins. Ce qui est
vrai c'est que le ton de ses lettres change dans la deuxième
quinzaine de juin. Dans plusieurs de ses lettres il parle de ses
jours de tristesse et de fatigue.
Ce n'est pas tant l'amour
qui le chagrine que la mort. Je crois que dans sa lettre à Anna de
Noailles (réception de des Vivants et des Morts) le malade
"mourant dans son lit" fait allusion à la mère
d'Agostinelli qui décédera le 14 juin 1913.
L'obsession de la mère
mourante chez Proust porte à penser, Agostinelli vivant sous son
toit, que Proust a partagé ce deuil. Dans une lettre à Nahmias où
il s'excuse de ne pouvoir l'aider financièrement (dépenses des
placards Grasset, financement Copeau etc) il dit :" J'en suis
arrivé à ne pas oser faire un petit déplacement das le Midi",
"je laisse une personne qui a été admirable pour moi pendant
des années dans une situation inextricable, sans l'aider pour ne
pas aggraver mon cas".
Agostinelli, lui, a fait le
voyage, puisqu'il signe sur place l'acte de décès :
On croit tout savoir
du détail de la relation avec Agostinelli durant l’année 1913. En
réalité, on n’en connaît pas grand-chose, même pas la date
d’installation d’Alfred dans l’appartement de Proust, problème
que Quaranta tente de résoudre.
On s’arrête
volontiers aux idées reçues d’un charmant arriviste devenu
profiteur que la critique construit à partir du visage impénétrable
d’une héroïne romanesque considérée sous l’angle de la
malveillance, alors qu’il et elle ne sont que la projection du
schéma de la jalousie, de la défiance, dans l’esprit de l’auteur.
D’où des portraits résolument contradictoires du modèle qui
n’aurait apporté que souffrance en l’absence de toute
satisfaction ou à l’opposé se serait retrouvé soumis et enchaîné
par un maître qui le harcèle.
M.A. Barathieu : » On peut reconnaître sans peine des
traits de l'histoire personnelle d'Alfred Agostinelli... Quelques
années plus tard devenu le secrétaire de Marcel Proust, il offre un
autre visage : pour prix de longs interrogatoires, cédant à toutes
les demandes de son patron devenu amoureux et jaloux, on imagine le
chantage auquel en retour il le soumet : "plaisirs, argent,
cadeau, leçon de pilotage et finalement un avion." Du bon
garçon au maître-chanteur, ainsi pourrait se résumer son parcours
professionnel.
En
outre les deux portraits (mécanicien ou secrétaire) se confondent
par moment en la personne d'Albertine : prisonnière elle conduit son
geôlier, ou bien jouant du pianola, elle est comparée à Sainte
Cécile jouant du clavier comme l'était le chauffeur de Cabourg. »
Agostinelli aurait emménagé fin mars ;
en mars 1913 Proust publie dans le Figaro deux passages de Swann
et du futur Côté de Guermantes dans lesquels le Narrateur
amoureux (de la Duchesse) soupire après Florence, extraits qu'il
fait précéder d'un prélude évoquant le bruit des tramways et les
cris de la rue, comme plus tard dans le morceau de bravoure qui
marque l'introduction de la phase heureuse de La Prisonnière.
La
vision de Céleste
« L'un des cas
qui a fait couler le plus d'encre est celui d'Agostinelli, qui avait
été un de ses principaux chauffeurs à Cabourg avant la guerre, en
même temps que mon mari. Il appartenait à la fameuse compagnie de
taxis de Jacques Bizet. C'était, je crois, un garçon instable et
qui avait des ambitions de sortir de son statut... Moi-même, je l'ai
peu connu. Mais Odilon le connaissait bien ; ils avaient travaillé
ensemble dès le début, dans le taxi, à Monaco et à Cabourg. Il me
disait toujours :
- C'est un gentil
garçon ; je n'ai jamais rien trouvé à lui redire.
Mais il était
travaillé par le désir d'être autre chose. Il a fini par demander
à M. Proust de devenir son secrétaire. C'était à un moment
où il avait quitté la compagnie de taxis pour retourner dans son
pays, à Monaco, où il avait connu sa compagne, Anna, et où il
avait pris un travail , pour le perdre aussitôt. M. Proust a accepté
de le prendre chez lui. Il y a logé avec Anna ; et c'est un fait
qu'on voit un peu de son écriture dans les manuscrits du moment.
C'était en 1913, à
l'époque où, moi-même, je venais de me marier avec Odilon. Je me
rappelle très bien que, un dimanche, sur la demande d'Agostinelli,
nous sommes allés nous promener toute la journée dans la forêt de
Fontainebleau. Nous a avions importé à manger. Je me suis
horriblement ennuyée. Les deux hommes étaient très heureux de se
raconter leurs histoires de camarades de taxi. Je n'avais que le
femme, qui était laide -mon mari l'appelait entre nous "le pou
volant" -et peu agréable. Je la revois parfaitement ce jour-là
avec ses cheveux noirs, très raides et comme continués par le col
de singe noir de son manteau de poulain. Et j'entends encore
Agostinelli lui dire : "Tu viens, Nana?"
Mais enfin,
d'Agostinelli lui-même, je n'ai qu'un très vague souvenir qui ne me
permet pas de le juger. J'ai seulement su par Odilon qu'il avait la
folie de la mécanique et que cette folie s'est tournée de
l'automobile vers l'aviation. Il en entretenait tellement M. Proust
que celui-ci a fini, dans sa grande bonté, par lui permettre de
suivre des cours de pilote à l'aérodrome de Buc, près de
Versailles.
Comme Agostinelli n'avait plus de voiture, c'était Odilon qui l'y conduisait ; M. Proust payait la course, avec sa générosité habituelle. C'est cela que j'appelle sa fidélité -de même que, lorsque Agostinelli s'était retrouvé sans travail à Monaco et que, avant de suggérer le secrétariat à M.Proust, il l'avait supplié de le reprendre comme chauffeur, M.Proust lui avait nettement répondu qu'il était trop tard et que c'eut été supplanter sans raison Odilon qui était devenu son chauffeur régulier et en qui il avait tout confiance.
Comme Agostinelli n'avait plus de voiture, c'était Odilon qui l'y conduisait ; M. Proust payait la course, avec sa générosité habituelle. C'est cela que j'appelle sa fidélité -de même que, lorsque Agostinelli s'était retrouvé sans travail à Monaco et que, avant de suggérer le secrétariat à M.Proust, il l'avait supplié de le reprendre comme chauffeur, M.Proust lui avait nettement répondu qu'il était trop tard et que c'eut été supplanter sans raison Odilon qui était devenu son chauffeur régulier et en qui il avait tout confiance.
- Vous devez
d'autant mieux le comprendre qu'il a été votre camarade et qu'il
est resté votre ami, avait-il précisé.
J'ai su également
par Odilon que Agostinelli essayait de se prendre très au sérieux
comme secrétaire. Il devait avoir une bonne dose d'orgueil. M.Proust
avait acheté pour lui une machine à écrire qu'il a revendue plus
tard au directeur du restaurant Larue ; j'ai vu la machine à côté
de la caissière lorsque j'allais chercher des plats. J'ignore si
c'est une coïncidence, mais je me souviens que pendant le séjour
d'Agostinelli et de sa compagne boulevard Haussmann, Céline a eu un
coup de mauvaise humeur et est partie [Il s'agit de Céline Cottin,
femme de Nicolas, la cuisinière. Son départ n'est pas une
conséquence d'un renvoi comme on l'a dit trop souvent. Le fait
qu'elle vide les lieux pendant le séjour des Agostinelli demeure
intriguant]. Je me rappelle également que, si le couple vivait là,
il prenait ses repas dehors.
Et puis un jour brusquement, Agostinelli
est reparti pour la Côte d'Azur. Je pense qu'il y a eu là beaucoup
de l'influence de sa femme.
Elle ne se plaisait pas à Paris.
D'Antibes, où il a continué à suivre ses cours de pilote pour
obtenir le brevet, il écrivait à M.Proust. C'était un flatteur.
D'après ce que j'ai compris ensuite, son idée était de convaincre
M.Proust de l'aider à acheter un appareil pour son usage personnel,
qu'il aurait baptisé "Swann", disait-il du nom du
personnage principal du livre que M.Proust venait de publier. Il
était aussi audacieux et casse-cou. A peine nanti de son brevet, au
cours de sa seconde sortie de vrai pilote, il partit au-dessus de la
mer, malgré les ordres, et il disparut. On ne retrouva son corps
dans l'eau qu'une semaine plus tard, les yeux mangés par les
poissons.
Agostinelli s'est tué le 30 mai 1914.
Le tragique a été qu'il avait écrit une longue lettre à M.Proust,
dans la joie de son brevet qu'il venait d'acquérir, et que la lettre
n'est parvenue qu'après sa mort. Ce fait a naturellement bouleversé
M.Proust. Il m'a montré la lettre et me l'a lue plus tard ; elle
était très gentille, à la fois pleine de remerciements et gonflée
de fierté. Ensuite est arrivé un flot de messages de la famille
d'Agostinelli, suppliant M.Proust d'aide à financer des recherches
pour retrouver le corps -ce qu'il a fait. Quand on l'a effectivement
retrouvé, le 7 juin, il a envoyé des fleurs pour la tombe, comme il
en a envoyé l'année d'après pour l'anniversaire de la mort. Il a
aussi aidé Anna et le frère. On dit même que celui-ci vint à
Paris pour lui servir quelques temps de secrétaire. C'est curieux,
car je n'en ai aucun souvenir ; pourtant je devrais le savoir puisque
j'étais déjà à demeure. Le seul secrétariat dont je me souvienne
-mis à part Henri Rochat et ma nièce, Yvonne -est celui
d'Agostinelli lui-même, avant ce qu'on a appelé sa "fuite"
pour Antibes, parce que, à l'époque, je faisais la "courrière"
et que je l'ai aperçu deux ou trois fois à la cuisine avec Anna.
On a bâti toutes sortes de romans sur
la douleur de M.Proust devant cette mort et sur les sentiments qu'il
avait, ou qu'il aurait eus, pour Agostinelli. Des esprits, grands ou
petits, je ne sais, ont même découvert que c'était, au moins en
partie, lui l'Albertine des livres , dont "le Narrateur"
est amoureux. Pour moi, c'est ridicule. D'abord, Albertine existait
bien avant Agostinelli, dans le cerveau et dans les cahiers de M.
Proust. Ensuite, je suis persuadée, à la manière dont M.Proust me
parlait de lui, qu'il en fût d'Agostinelli comme de Henri Rochat.
M.Proust s'est intéressé à lui parce que, premièrement, comme
chauffeur, il était d'agréable compagnie- comme Odilon me l'a
toujours confirmé- et que, ensuite, il avait l'ambition de sortir de
sa condition ; comme il était loin d'être bête -ses lettres
étaient joliment écrites- la générosité naturelle de M. Proust
l'a poussé à l'y aider. Si M. Proust a été peiné de la "fuite"
à Antibes, c'est, d'une part, qu'il se jugeait payé d'ingratitude
pour l'hébergement boulevard Haussmann et les leçons de pilotage à
Buc, dont il faisait les frais, et que d'autre part connaissant avec
sa finesse, le caractère casse-cou d'Agostinelli, il avait peur
qu'il ne fasse des bêtises. Il aurait prévu la tragédie, avec son
côté de devin des âmes qu'il avait, que je n'en serais pas
surprise. Et lorsqu'on aime bien quelqu'un, qui ne serait frappé de
douleur en voyant ses pressentiments confirmés?
Quant à prétendre qu'il voulait garde
près de lui Agostinelli "prisonnier" de ses sentiments
comme "la prisonnière" Albertine, c'est encore plus
ridicule. A ce compte, Odilon l'était autant que lui -et moi donc!
Quiconque servait M.Proust était en un sens prisonnier de son
service et de lui. » (extraits de Céleste Albaret M.
Proust)
Ce témoignage, quoiqu’il
évoque une période où Céleste - qui deviendra le dernier
« secrétaire »- n’est pas à demeure chez Proust livre
des éléments à l’époque inédits. Si on est amené à penser
qu’elle se trompe en donnant à Agostinelli l’initiative de
solliciter une place de secrétaire, on s’étonne du « pou
volant », on apprend que certains passages des brouillons
ont été dictés à Agostinelli (détail que ne semblent pas avoir
exploré les chercheurs). On découvre surtout que Proust a financé
les premières leçons d’aviation à Buc, ce qui fait planer un
doute sur l’origine du pseudonyme Marcel Swann, peut-être
« soufflé » par Proust qui continuait à filer la
métaphore du Cygne. On devine également que Proust en lui
fournissant son ami comme chauffeur pour se rendre à l’aérodrome
le faisait incidemment « surveiller » par Odilon (comme
Albertine dans l’épisode de la visite aux Réservoirs à
Versailles). L’interrogation sur Emile remplaçant son frère ne
manque pas d’intriguer. On découvre le précieux renseignement que
dans une avant-dernière lettre, Agostinelli avait annoncé avec
fierté l’obtention de son brevet -ce qui rend invraisemblable
qu’il se soit inscrit à l’école d’aviation dans le sud sous
un pseudonyme. Précieux renseignement puisqu’il ne reste rien de
la correspondance des deux hommes, Proust s’étant sans doute
efforcé de la faire disparaître comme il paraît avoir réclamé le
retour de ses lettres à Alfred, lettres que la rumeur considère
avoir été détruites par la famille, au motif qu’il s’agissait
de lettres d’amour.
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