mercredi, juin 20, 2012

L'école de David: Girodet



Anne-Louis Girodet de Roussy-Trioson

Autoportrait au bonnet phrygien 1791

Autoportrait 1795
 
Les rapports de Girodet avec David furent beaucoup plus conflictuels, se détériorant encore vers 1812 quand l’Institut décida d’accorder à Girodet le prix de la décennie pour la peinture d’histoire, plaçant (malgré l’intervention de Napoléon) son tableau du Déluge devant les Sabines du point de vue de la « modernité » supposée et de l’influence qu’on lui attribuait.
Girodet se présente au prix de Rome en 1786 (deux ans après son arrivée dans l’atelier), mais le concours est annulé car tous les élèves accédant au dernier tour proviennent de l’atelier de David et leurs œuvres sont jugées trop semblables. En 1787, il recommence, mais il est dénoncé par son camarade Henri Fabre –qui l’emporte à sa place-, pour avoir emporté des dessins en loge. Son Nabuchodonosor faisant tuer les enfants de Sédécias en présence de leur père était moins figé que celui de Favre :


 
L’année suivante il finit par l’emporter à sa troisième tentative (comme David) avec Joseph reconnu par ses frères
 
dont l’étude est évidemment pour nous plus intéressante que le tableau fini
 
Etude pour Baignade dans la Rome antique 
 
Etude pour Lamentation sur la mort de Pallas

 
En 1791, renouvelant l’effet de lune de Proudhon, Girodet livre en guise d’académie le fameux Endymion

 
qui fascinera tant Balzac et inspirera à David La Mort de Bara (jeune tambour de 13 ans et héros révolutionnaire populaire), créant une image d’éphèbe androgyne appelée à une grande postérité (ci-dessous détail du tableau de David)

L’Endymion provient de cette étude (Metropolitan)
 
Dont on rapproche cette étude d’attribution incertaine
 
 
Au nombre d’autres attributions douteuses :


 
En 1793 Girodet est expulsé de Rome comme tous les français. En 1795, il expose le curieux Ossian accueillant les héros français morts
 
dont on retiendra encore l’étude


Diverses études dont celles du Déluge




 
Pareille abondance de nus masculins a forcément suscité des questionnements sur la sexualité de Girodet. Contrairement à ce que prétend la critique contemporaine, ces interrogations ne sont pas nouvelles. Dès 1829, pierre-Alexandre Coupin, le premier biographe de Girodet écrivait :

« Il est un autre sentiment qui domine et entraîne souvent les êtres doués d'une sensibilité ardente et d'une grande vivacité d'imagination, et auquel, dès-lors, Girodet ne dut pas être étranger. Il ressentit, en effet, plusieurs affections passionnées, et il les entretint avec une extrême discrétion. La grande quantité de lettres qui furent religieusement détruites le jour même de sa mort, selon la prière qu'il en avait faite à ses amis, prouve la place que ces affections occupaient dans son existence intérieure. Malgré toute sa circonspection, ceux de ses amis intimes et de ses élèves, qui le quittent peu, purent s'apercevoir des visites fréquentes qu'il recevait après les longues journées de travail de l'atelier. Je respecterai sa réserve, et je n'essaierai pas de soulever un voile que lui-même a posé avec respect sur ces jouissances dont le mystère est un des premiers charmes... »

  
 L'éducation d'Achille
  
 
Hippocrate refusant les présents d’Ataxerxès (1792), version dépouillée et version officielle
 
Est-ce à ces « affections passionnées » qu’on doit ces puissantes têtes orientales ?

 
Le haut de pantalon de Belley, premier député noir de la convention avait plus fait parler que le message politique (le dessin de Joseph est attribué au cercle de Girodet) :



 
Sous l’Empire, Girodet obtient la commande des Révoltés du Caire qui ne sera exposé qu’en 1814.
 
Et un portrait officiel (flatté, que désavouent les croquis sur le vif exécutés pendant une messe à Saint-Cloud)
 


Aux alentours de 1813, Girodet hérite de son père adoptif le docteur Trioson. Il ne se consacre plus à la peinture qu’en dilettante, préférant écrire de la poésie. En 1815, il décline l’offre de Julie Candeille avec qui il entretenait depuis des années une passion épistolaire : sa « vieille Galathée » comme elle signait ses lettres –elle approchait alors la cinquantaine- qui servait à l’occasion d’intermédiaire dans les relations plus confidentielles de Girodet, devenue veuve, proposa sa main, ce à quoi l’intéressé répondit : « Sachez que je suis l'homme le plus violent qui se puisse trouver. Je bats mes domestiques. Il n'y a pas d'excès auxquels je ne sois capable de me livrer. » (selon Delescluze). Elle jeta alors son dévolu sur Henri Périé de Sévovert, autre peintre, de trente ans son cadet, et dit-on, fort bel homme.

Vers 1822, Girodet peint au château de Compiègne (où il travaille depuis 1818 à diverses fresques allégoriques), la galerie du Guerrier : le Départ, Mars et la Renommée


 
Le Combat et Le Retour   
 

Il fait œuvre d’illustrateur, des tragédies de Racine, ici deux scènes de Phèdre


Mais surtout une série de 146 planches pour  L’Eneide (l’épisode de Nysus et Euryale en particulier), et les Odes d’Anacréon, où il revisite l’antiquité au trait à la manière de John Flaxman, pour la gravure:

 
 
Départ de Nisus et d’Euryale, Nisus et Euryale dans le camp des grecs
 

 
Nysus venge Euryale


 
Les grecs aux portes du palais

 
Enée aux enfers
 
Serment des 7 devant thèbes
 
Allégories de l'Hiver et de l'Eté (Compiègne)










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