En
somme, ce qu'on tente de faire est un éternel bégaiement, donc je vais
m'efforcer avant d'y renoncer, de remettre à jour quelques fils qui
suscitent encore mon intérêt, de nouveaux documents apparaissant ça où
là...article d'origine: http://fredsmuseum.blogspot.fr/2012/05/hercules-forains-les-deriaz-le-salon-de.html
Les Deriaz
Comme dans la cantate de Prokofiev, Sept, ils sont Sept. Non pas à considérer que cela ait eu une quelconque influence sur l’œuvre musicale, qui date de 1917, mais le texte de Balmont, plusieurs fois transcrit et traduit de l'inscription déchiffrée par Winkler?
Enfin, je suppose que je parlerais de tout ça ailleurs, qui n'intéresse pas les rares clients (lurkers?) de ce blog.
Donc, -Sept d'un coup- ça ne vous rappelle pas non plus l'histoire du petit tailleur?- les frères Deriaz étaient sept... Mais qui au fait? quand aucune généalogie ne permet d'en avoir la certitude.
Suisses vaudois, les Deriaz de Baulmes semblent avoir accompagné la création de la lutte française, dans sa renaissance des années 1905, comme aucun autre athlète avant les années 20: ils se sont trouvés à un carrefour de l'histoire du sport, et de l'influence du sport sur l'art qui n'a pas de parallèle avec les temps modernes. Leur histoire reste méconnue, et seule pour l"instant la recherche iconographique et l’échafaudage d'hypothèses plus ou moins farfelues peut apporter un éclairage sur le rôle déterminant qu'ils jouèrent dans les années où les activités qu'ils pratiquaient allaient devenir des composantes de notre vision de la liaison entre la culture physique et la peinture ou la littérature, voire de la musique et de ce que d'autres créeront plus tard, restaurant un lien social entre les classes qui permettra à d'autres de se faire applaudir dans les arènes du nouveau monde, mais aussi de penser et de construire au-delà du spectacle.
D'après le répertoire -aidé par le legs Soury-, je déduis que les sept frères étaient: Ulysse, Emile, Maurice, Adrien, Jules, Octave, il en manque un! Voyons ce qu'il en est des six qui restent:
Ulysse
Visiblement l'aîné de la fratrie.
On le voit représenté comme l'un des membres du "cirque de jiu-jitsu" de Baulmes, ce qui laisse à penser que la carte est forcément postérieures à 1905, première publication du manuel de judo et de jujitsu qui va un temps concurrencer la lutte. On notera encore la présence des haltères de cirque au premier plan.
Ulysse serait le quatrième en partant de la gauche.
autre carte populaire, le voici avec un enfant, qu'on peut supposer être son fils,
"Cher frère, Cette carte qui j'espère te fera plaisir, pour te remercier, beaucoup car ça m'a fait bien plaisir. Sy tu avais besoin de quelque chose, écrit [sic] toujours et sy je peux je n'y manquerai pas. Au revoir. De toute la famille. U. Deriaz"
En marge:
"Tu verras que ton filleul n'a pas la frousse. [à l'envers] Je suis allé à Ambérieu hier. Le père est toujours le même. Maurice"
Desbonnet
A son retour à Paris, Desbonnet contacte Ernest Régnier, un "bon petit lutteur de gréco-romaine, (...) gagnant difficilement sa vie". Je lui montrais quelques passes. Il accepta avec plaisir et partit pour Londres. Desbonnet met cette période à profit pour louer un trés beau local aux Champs-Elysées, le faire décorer luxueusement et préparer activement une intense publicité.
Après la victoire de Régnier, le succès dépasse les attentes : "immédiatement tout le high-life de Paris vint s'inscrire : le prinnce de Caraman-Chimay, le duc de Broglie, le prince Murat, le comte Grëhfulle, les artistes Coquelin, Albert Lambert, Mounet-Sully, les docteurs Dartigues, Pagès, Ruffier, le colonel Ferrus, les hommes les plus éminents des lettres, des arts, de l'industrie, etc."
phonoscène n°167 d'Alice Guy (première réalisatrice de cinéma) on peut reconstituer tant bien que mal l’intégralité de ce « vrai jiu-jitsu »
Pour remplacer la boxe française
On a pris la boxe japonaise
C’est très commode et plus connu
Ça s’appelle le jiu jitsu
L'autre' soir, j'chahute ta p'tite Hortense
Elle s'met en position d'défense
Elle m'dit tu voudrais m'faire tomber
Mais c'est ta gueule qui va trinquer.
Jiu-jitsu
Jiu-jitsu
V’là comm’ ça s’appelle
Et j’r’vois ta belle un coup de pied dans le ?-jitsu
M’trouvant chez des nobles respectables après un diner confortable
J’expliquais en gesticulant l’jiu-jitsu à une belle enfant
Voilà qu’soudain dans mes entrailles je sens comme le bruit d’une bataille
Si c’est les perles du Japon qui se battent avec les […]
Y a le mari de ma voisine
Qui veill’ la nuit dans son usine
Avec sa femme pendant c’temps-là
J’vais veiller pour qu’elle s’embête pas
Comme c’est la boxe sa préférence
Pendant qu’j’y en donnais une séance
L’mari rentre et m’dit, quèqu’ tu fais ?
Moi j’lui réponds en japonais.
Jiu-jitsu
Jiu-jitsu
V’là comm’ ça s’appelle,
L’soir à la chandelle,
J’lui apprends le jiu-jitsu
En 1907, la chanson de Marcelle Norcy témoigne de cette mode
Si tu veux
faire la lutte japonaise
Il faut commencer par te mettre à l'aise, Tout nu, c'est le propre du jiu-jitsu. Tu saisis d'abord le poignet de l'adversaire et serre son cou Un bon coup. Attends ce n'est pas tout! Tache de saisir entre tes deux orteils Le poil qui pousse au creux de ses oreilles Et puis serre-lui le kiki. D'une dent savante subtile autant qu'agile, Choppes-y le pied, mords-lui le tendon d'Achille, De l'autre dent, en même temps, Bouffes-y la pomme d'Adam! |
Un coup
épatant, mais il faut de l'adresse
Tâche de lui prendre le nez entre tes fesses, Ou bien trouve moyen de piquer le sien. Au milieu du trou béant de son nombril, Tandis que d'un coup de pied tu lui fauches les cils, Alors sans effort tu tomberas les plus forts! Après cela tu le prends et tu le couches, Tu lui introduis les pieds dans la bouche, Et, pouf! s'il te les bouffe, ça l'étouffe. Enfin, coupe lui ses dernières ressources, En lui serrant les cordons de la bourse, Et tu t'assieds dessus en criant: Jiu Jitsu! |
Car il semblerait que la pratique ait eu surtout des succès auprès des femmes...
Emile Deriaz
Il était réputé plus habile du bras gauche que Maurice.
Lequel devint rapidement glabre, et finit par se faire pousser les cheveux, ce qui boosta sa carrière aux Etats-Unis sous le pseudonyme du "Nouveau Samson"...
On prétend de ci de là qu'il posa également pour les artistes, entre autres ce Faune Barberini de la collection Desbonnet
J'aurais tendance à penser que sur cette dernière photo il s'agirait plutôt de son frère
Adrien Deriaz
et, artiste lui-même, de sortir des ateliers de peinture pour s'essayer au théâtre à des scènes poétique où son physique n'était plus l'unique attraction: Rêve d'artiste, dit la carte...
Octave Deriaz
2 commentaires:
magnifique article, bravo
Salut Fred,
Je voulais juste te remercier pour le gentil message élogieux que tu m'a adressé, mais je ne trouve pas ton mail. En tout cas cela me touche et je n'en pense pas moins de tes blogs. amitiés
Snoopy
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