samedi, juillet 21, 2012

Thomas Couture, maître d'école

Des néo-grecs aux pompéistes, il y avait un pas: lors du même salon de 1847 qui vit la première consécration de Gérôme, un autre tableau suscita l"intérêt du public, une toile monumentale sur laquelle Thomas Couture avait passé trois ans et qui, depuis qu'elle occupe une bonne place au musée d'Orsay est redevenue le symbole du style pompier, version latine, Les Romains de la décadence.
 
 Ce tableau a fait couler beaucoup d'encre, renouvelant le "coup" de Géricault en se présentant  comme une allégorie sur l'état de la France sous la monarchie de Juillet. Ce qui nous importe surtout, au-delà de la parabole politique, c'est le sous-entendu érotique de l'atmosphère orgiaque que les censeurs de droite paraissent contempler plutôt que déplorer, et qu'il s'agit de plus de la seule toile d'envergure achevée par Couture, du point de vue de l'art de la peinture, de très loin la plus claire, et le manifeste d'une forme d'art dont l'auteur lui-même allait ensuite s'éloigner.

 






 Quelques études

 
 La première idée montre le déplacement du personnage de dos, l'incertitude planant sur ceux de gauche et l'absence des éléments de décor qui rapprochent la toile de l'esprit des néo-grecs

Outre l'influence probable des Noces de Canna dans la composition, les contemporains ont cru déceler l'influence de jean Gigoux pour Antoine et Cleopâtre essayant des poisons sur des esclaves (1838)


et de Dominique Papety pour Le rêve du bonheur (détail du quart inférieur gauche)

et peut-être tout autant en ce qui concerne la mise en scène par Bacchus et Ariane du même Papety


mais le thème apparait ailleurs dans l'oeuvre de Couture lui-même:
Horace et Lydie 
 

Il giocondo (détail)
Jeunes vénitiens après une orgie

Sept ans après son prix de Rome (deuxième derrière Jean Murat pour Le Sacrifice de Noé, le style de Couture avait pris un tour beaucoup plus personnel, plus sombre et plus froid:

influencé par le contre-jour flamand plus que par la veine italienne (Le baiser de Judas)

Peu d'académies de jeunesse sont connues des musées officiels
attribué

 au dos de cette toile, Couture peignit (sans doute plus tard) une étude de canon
 peut-être une étude comme cet homme à terre

destinée à son autre projet monumental qu'il n'acheva jamais, l'Enrôlement des volontaires (de 1792)
 Premier état
 
composition finale
 malgré une multitude d'études


 La plupart des tableaux de couture sont ainsi moins achevés que leurs études
Le fugitif

 
 étude pour Timon d'Athène
 

 Damoclès
 



 Le Roi de l'époque


Découragé par le peu de succès qu'il rencontrait Couture finit par fermer son atelier parisien et se retira dans sa ville natale de Senlis. Il multiplia les tableaux satiriques mettant en scène des personnages de commedia del Arte
La courtisane
 Procès de Pierrot

Les deux grands projets de sa vie (L'orgie et la révolution) auraient dû trouver un écho dans la décoration de l'opéra comique, projet de 1854 qui, comme l'essentiel de ses travaux ambitieux ne put aller au-delà du stade de l'étude:

Projet de plafond pour l'opéra comique

projet pour Les amis du vin et de la musique

 Projets pour La musique et la guerre



Sur la fortune de ce thème de l'orgie qui finit mal on serait amené à comparer
Gustave Boulanger Scène d'orgie


Thomas Couture Souper à la maison dorée (dessin préparatoire)

et tous deux en 1857
Couture Duel
Jean-Léon Gérôme  Suites d'un bal masqué










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