mercredi, novembre 27, 2019

le Requiem des kangourous :intégrale de mon feuilleton de l'été 2019

Avant de quitter ce qui est devenu, bien malgré moi depuis quelques semaines, le sujet principal de ce blog, quelques notes tardives en forme de repentir ou de palimpseste pour offrir l'intégralité de mon étude à la vindicte publique:

Envoi à mon ancien condisciple de Condorcet, l'historien Vincent Duclert, en souvenir de la petite revue d'étudiant qu'il tenta d'y créer pour abriter nos premières élucubrations d'écrivains ratés, de la part d'un de ceux qui n'est rien devenu :


ou, -avertissement- si vous comptez vous engager dans une lecture objective d'A la Recherche du Temps perdu, ne lisez pas mes points de vue tout personnels sur cette œuvre, de peur, si vous manquez de sens de l'orientation de vous engager dans des impasses. En contournant l'auteur, comme en détournant les propos des critiques sérieux pour servir de béquilles à ma thèse, je n'avais pour projet que d'écrire une fiction, un roman d'amour qui pût figurer au rayon des romans roses de quelque collection Harlequin.

mon "livre" ne concerne que moi ; je ne me suis attaché à le composer que pour me faire plaisir.




 Jean Béraud La sortie du lycée Condorcet 1903 :
Mettons que ce soit ici que tout (l'apprentissage de la perversion littéraire et du détournement)commence. Béraud fut le témoin de Proust lors de son duel avec Jean Lorrain :
la classe de philosophie de M.Darlu au lycée Condorcet 1888-1889 : Proust au 2è rang, premier à gauche, au milieu de ses condisciples de jeunesse (dont les co-fondateurs du Banquet, Bizet, Dreyfus, Halévy, et sans doute Gregh et Finally). Tout cet enrobage afin de produire quelques documents supplémentaires rejetés en annexes :

Proust Extrait de Mélomanie de Bouvard et Pécuchet (Les Plaisirs et les jours)

Mais l’objet de leurs plus vifs débats était Reynaldo Hahn. Tandis que son intimité avec Massenet, lui attirant sans cesse les cruels sarcasmes de Bouvard, le désignait impitoyablement comme victime aux prédilections passionnées de Pécuchet, il avait le don d’exaspérer ce dernier par son admiration pour Verlaine, partagée d’ailleurs par Bouvard. «Travaillez sur Jacques Normand, Sully Prudhomme, le vicomte de Borrelli. Dieu merci, dans le pays des trouvères, les poètes ne manquent pas», ajoutait-il patriotiquement. Et, partagé entre les sonorités tudesques du nom de Hahn et la désinence méridionale de son prénom Reynaldo, préférant l’exécuter en haine de Wagner plutôt que l’absoudre en faveur de Verdi, il concluait rigoureusement en se tournant vers Bouvard:
–Malgré l’effort de tous vos beaux messieurs, notre beau pays de France est un pays de clarté, et la musique française se-ra claire ou ne sera pas, énonçait-il en frappant sur la table pour plus de force.
–Foin de vos excentricités d’au-delà de la Manche et de vos brouillards d’outre-Rhin, ne regardez donc pas toujours de l’autre côté des Vosges! –ajoutait-il en regardant Bouvard avec une fixité sévère et pleine de sous-entendus, –excepté pour la défense de la patrie. Que la Walkyrie puisse plaire même en Allemagne, j’en doute... Mais, pour des oreilles françaises, elle se-ra toujours le plus infernal des supplices–et le plus cacoph-nique! ajoutez le plus humiliant pour notre fierté nationale. D’ailleurs cet opéra n’unit-il pas à ce que la dissonance a de plus atroce ce que l’inceste a de plus révoltant! Votre musique, monsieur, est pleine de monstres, et on ne sait plus qu’inventer! Dans la nature même, –mère pourtant de la simplicité, –l’horrible seul vous plaît. M.Delafosse n’écrit-il pas des mélodies sur les chauves-souris, où l’extravagance du compositeur compromettra la vieille réputation du pianiste? que ne choisissait-il quelque gentil oiseau? Des mélodies sur les moineaux seraient au moins bien parisiennes; l’hirondelle a de la légèreté et de la grâce, et l’alouette est si éminemment française que César, dit-on, en faisait piquer de toutes rôties sur le casque de ses sol-dats. Mais des chauves-souris!!! Le Français, toujours altéré de franchise et de clarté, toujours exécrera ce ténébreux animal. Dans les vers de M.de Montesquiou, passe encore, fantaisie de grand seigneur blasé, qu’à la rigueur on peut lui permettre, mais en musique! À quand le Requiem des kangourous?...



Léon DELAFOSSE (1874-1951) Empty
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Léon Delafosse (né à Paris le 4 janvier 1874 - mort à Paris en 1951 ou 1955 ?) était un talentueux pianiste et compositeur français. Il est connu aussi  comme modèle possible pour Charles Morel dans le cycle du roman A la recherche du temps perdu de Marcel Proust.

D'origine modeste, il a étudié au Conservatoire de Paris comme élève de Antonin Marmontel. À l'âge de sept ans, il donna son premier récital et six ans plus tard, il remporta le premier prix au Conservatoire. Il devint ensuite le protégé du poète, le comte Robert de Montesquiou (1855-1921), de la comtesse Metternich et de la princesse Rachel de Brancovan. Grâce au comte Robert de Montesquiou, son succès atteint le zénith de sa carrière. Le comte, en tant que mécène généreux, était en grande partie responsable de sa renommée croissante dans les salles les plus prestigieuses et aristocratiques de l’époque. Apparemment, le comte de Montesquiou semble également avoir été malheureusement responsable de son échec ultérieur dans les salons.

Il a donné des récitals, mais a également écrit des compositions pour piano, notamment Soirée d'amour (1895), Quintette des fleurs (1896), Mandolines à la passante et Cinq fantaisies, et, pour le piano et l'orchestre, un Concerto (1898) et un Konzertstück.

En 1894, il entra en contact avec l'écrivain Marcel Proust (1871-1922). Delafosse a contribué des écrits à la fois à Montesquiou et à Proust. Ce dernier l'appelait L'Ange. Les deux écrivains ont par la suite pris leurs distances par rapport à Delafosse, le laissant ainsi exclu des salons littéraires parisiens. Lorsqu'un ami suggéra à Proust d'organiser un concert avec lui, il répondit que tout allait bien, mais qu'il préférait ne pas voir une seule personne: "M. Delafosse, qu'il me serait peu agréable d'avoir chez moi".

En 1896, Delafosse donna une série de concerts à Londres avec le célèbre violoniste belge Eugène Ysaÿe.

Dans les années 1890, John Singer Sargent peint le portrait de Léon Delafosse : 
 Proust : une fête littéraire à Versailles (LeGaulois, 31 mai 1894 :
Une sonnette discrète réclame le silence. M. Léon Delafosse se met au piano et exécute avec le talent qu'on lui sait une gavotte de Bach, une fantaisie de Chopin, une barcarolle de Rubinstein. M. Yann Nibor lui succède; il dit les Anciens, l’Ouragan, les Quatre frères et l’Ella, et cette poésie simple, franche, vigoureuse, émeut profondément tous les délicats qui l'écoutent. Mais voici Mlle Reichenberg, toute gracieuse, habillée de rose pâle et coiffée d'un large chapeau blanc que couvrent de grandes plumes roses. On lui fait fête, car elle lit à ravir le Menuet de François Coppée, la Mandoline de Verlaine, le madrigal de M. Robert de Montesquiou et la Dormeuse de Mme Desbordes-Valmore.
 
Proust : Mensonges (mis en musique par Delafosse :

Vos yeux vagues, vos yeux avides
Vos yeux profonds, hélas sont vides
Profonds et vides sont les Cieux

Et la tendresse du bleu pâle
Est un mensonge dans l’opale
Et dans le ciel et dans vos yeux.

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