dimanche, décembre 03, 2017

le rituel sado-masochiste de la Passion



Giovanni Bellini (1470)

L'Evangile selon Donatien

Dali Christ du musée du Vatican (1954)

Qu'il soit bien entendu qu'il ne s'agit ici que de comprendre les travers d'une iconographie récurrente. Les représentations ne concernent que la culture majoritaire de l'occident, celle dans laquelle j'ai été endoctriné. Je n'y accorde ni sérieux ni croyance. Le même type de déscription pourrait s'appliquer à toute autre forme de religion monothéiste, visant à l'esclavagisme, et à la domination coloniale.

On rappelle que la majorité des illustrations ne sont rien d'autre que des images pieuses:

Krystian Zahrtman (c1910)


 Joseph Atwill prétend dans Le Messie de César (livre toujours non traduit en français, mais la France est bien sûr la fille aînée de l'Eglise) que l'invention du Christ par les Romains est un outil de propagande dans la guerre psychologique contre les juifs qui attendaient un libérateur guerrier, et à qui on aurait "offert" une version pacificatrice destinée à justifier le servage.

Dimitrije Popovic Corps mystique

Jerzy Duda Gracz


Même en admettant même une existence historique du Christ (ce qui n'est pas gagné) il reste intriguant que, telles qu'elles ont fini par s'imposer grâce à la conversion au christianisme de l'empire romain d'orient, les séquences de la passion constituent un parfait scénario SM, quoique confus dans ses variantes. L'éducation religieuse n'offre pas d'autre choix que se placer du côté des maîtres  ou des esclaves, victimes consentantes, avec ce retournement des valeurs qu'elle semble affirmer, que le mal est triomphant (mais consolez-vous, dans un hypothétique ailleurs "les premiers seront les derniers").

Frans Floris Le jugement dernier

C'est à partir du 12è siècle que la version doloriste du parcours messianique s'impose. En 680, au synode de Constantinople, l'église décidait encore de représenter Jésus sous l'apparence d'un jeune berger souriant. En 1251 le pape Innocent IV autorise l'Inquisition, fondée 20 ans plus tôt, à utiliser la torture. Elle se chargera désormais de fabriquer de véritables martyrs et d'encourager ses concurrents et ses comparses à agir de même.

Examinons quelques étapes de ce qu'est devenu le sacrifice rituel:

1- L'arrachement des vêtements

Ce thème pose la question de la nudité de la victime - tous les bourreaux savent bien que cet état d'infériorité est indispensable  à une annihilation de la volonté du sujet dans la perspective de son exécution : cet état, selon l'église n'est pas compatible avec le respect qu'on se doit de manifester envers le seigneur et ses saints.

 Michelange deux études pour la résurrection

S'il ne reste rien de l'époque où l'église tolère la représentation de la nudité, c'est qu'entre 1555 (accession au trône pontifical de Paul IV) et 1565 (concile de Trente), Daniele Voltera, dit pour ce Il Braghettone fut embauché -après le refus de l'auteur d'origine de le faire- pour peindre des voiles sur toutes les nudités, à commencer par les personnages de la Sixtine.




La crucifixion d'Hamman (sous-entendu, ce n'est pas le Christ) n'a pas subi le traitement.


Ce qui était aisé pour la peinture n'offrait pour la sculpture que des solutions bâtardes.

 Michelange Le Christ debout de Santa Maria sopra Minerva avant et après censure.
Ci-dessous la 1ère version (terminée par une autre main après que l'artiste l'eut abandonnée à cause d'une veine noire dans le marbre gâchant le visage)

Michelange Pieta de la Palestrina


Saint-Augustin suppose que Jésus a été supplicié nu, et lit la référence de Paul à Christ étant crucifié dans la faiblesse (2 Corinth 13:4) ) comme une allusion à sa nudité.


L'hypocrisie religieuse n'a toutefois pas empêché les artistes de saisir l'occasion de représenter des nus masculins extravagants, leur "modestie" fût-elle préservée.

Michelange étude pour une résurrection


Le déshabillage de Jésus intervient à plusieurs reprises, deux fois au moins, avant la flagellation, et avant la mise en croix

attr Jan van Hemmessen
 Johannes Sadeler

 école française 17è

Forain

James Tissot  dans sa Vie de Jésus livre une véritable bande dessinée avant l'heure


 Gebhard Fugel 1921

 Botero
 Roberto Ferri

Peter Howson Station de la croix

 Gweeneth Leech

2- le Christ aux outrages

ou le Christ en dérision (moqué) désigne trois épisodes différents ;

2a- l'humiliation après la condamnation par le Sanhédrin; Jésus est battu les yeux bandés, les "hommes qui le gardent" crachent sur lui et l'insultent

 Giulio Cesaro cavalier d'Arpino

Matthias Stom


  
 Asseretto

 
 Antonio de Bellis 1630

2b- après la condamnation par Ponce Pilate, Jésus est tourné en dérision par les soldats romains (avant, pendant, après la flagellation). Il est revêtu d'une tunique pourpre, couronné d'épines, on place un bâton en guise de sceptre dans ses mains. Les soldats se prosternent devant lui. La séquence s'inverse, on le déshabille à nouveau, le sceptre sert à lui battre la tête.

Mathias Stom


Van Dick

 G-C Procaccino


 Rubens

Maître de l'annonce aux bergers

 
 Manet Le Christ et les soldats

De cette humiliation dérive l'épisode Ecce Homo où Pilate présente le condamné à la vindicte de la foule


 Abraham Janssens

 Caravage le Christ devant Pilate

Mateo Cerezo

 attr Karel Dujardin

 Caravage Ecce homo


Stom Ecce homo

Mihaly Muncaczy Ecce Homo

 couronnement d'épines

Le Christ musclé de Van Dyck est entouré de vieillards

 Ian Lievens

 
 Gerrit van Honthorst

   Bartholomeo Manfredi



 Manfredi (Le Mans)

 Caravage couronnement d'épines (Vienne)

 (Prato)

comme la séquence de la flagellation, une métaphore du viol au moins simulé du Roi de Carnaval.

2c- la troisième étape des humiliations regroupe les insultes reçues pendant la crucifixion, de la part de la foule, du "mauvais larron", et éventuellement la blessure de la lance et la poire pour la soif. Ce dernier épisode donne lieu à des représentations du Christ de douleur, Christ aux plaies, entre mort et résurrection

 Fiorentino Rosso Christ mort et anges

 Hemmskerck L'homme de douleur

anonyme de Chambéry Christ aux liens

3- Flagellation

 (Christ à la colonne : premier poteau)

disciple inconnu de Michelange

attr Matthias Stom

 cercle de Paolo Farinatti

 entourage de Géricault

Là encore la tradition qui s'impose est l'usage d'un flagrum, fléau ferré de billes de plomb, d'ossements ou de poteries, très éloigné du fagot de bois imaginé par nos peintres, un outil qui, comme le knout était réputé ne permettre qu'une cinquantaine d'application avant d'entraîner la mort.
50 coups, c'est assez décevant, ça limite la souffrance à une mesure tolérable. L'imagination des fidèles est sans borne, elle s'arrête au para-orgasme, juste à l'instant où leur jouissance pourrait devenir suspecte d'être d'ordre sexuel.


Signorelli, qui confondit Freud (voir Trois rêves)


 Hans Holbein

 Girolamo Romanino (Pisogne)

Romanino 'Cremone)

école de Cuzco (début 17è?) Christ à la colonne en jupe sacrificielle

 Alonso Cano Christ à la colonne


 Matthias Stom (Stomer)

Gioachino Asseretto

 école vénitienne 17è

  Mantegna deux études


Sebastiano del Piombo

 Federico Zucarri

 
Giulio Romano


maestro della flagellazione di Casena
Daniele Crespi

 Daniele Crespi études


 Crespi

 Carracciolo

 attr à Jacopo di Palma


Lodovico Carrache Grande flagellation de Douai

L.Carraci (bis)

école française d'après Carrache

 Rembrandt

anonyme (disciple de Caravage)



 Caravage

 Caravage

 Rubens

Bartolomeo Manfredi


Ribera

Niccolo Grassi


école française 17è

 Carlo Maratti (17è)


 Ecole flammande (17è)

Jacques Stella 

 attr à Simon Vouet (parfois à Lebrun)


disciple de Puget



Subleyras

 attr à Gérhard Seghers

Gerhard Seghers Le Christ après la flagellation

 Murillo Après la flagellation


 école française 18è
 Louis Cretey Christ évanoui après la flagellation

 Anton Mengs (18è)

 Stom

 Léon Pallières

 Delacroix

Thomas Couture

 Gustave Doré


Bouguereau

 
 Bouguereau étude

 Belmiro de Almeida

James Tissot


 James Miller Autoportrait en Christ
Roberto Ferri

Steven Miles Golgotha Flashback

détail du rétable d'Isenheim de Grünewald où se multiplient les traces de la flagellation

 4- Crucifixion


 fresque du Colisée, 6è siècle

Cette représentation très ancienne n'a probablement pas de rapport avec le récit des Evangiles quoiqu'elle comprenne le trio familier, et d'autres séquences liées au parcours de la passion. Elle semble toutefois apporter, outre la position assise, d'autres précisions sur le déroulement ordinaire de la mise en croix; dans les Lois de Pouzzoles (Lex Puteolis) chargées de régir l'ordonnancement des exécutions programmées en "interlude" des spectacles de cirque, on lit:

Pour toute punition ordonnée le magistrat doit donner des ordres appropriés; lorsque ces ordres sont donnés le contracteur (redemptor) doit s'assurer que le châtiment ait lieu, que les croix (ou poteaux) soient dressées et que soient fournis gratuitement les clous, de la poix (du bitume pecem) de la cire, des bougies et tout le nécessaire.

Ce "nécessaire" semble entre autre composé de divers combustibles dont on enduisait le "milieu" du condamné, les traces de calcination sur les stipes faisant supposer que les brasiers allumés dessous n'étaient pas uniquement destinés à tuer le supplicié par asphyxie. Pour ne pas lasser les spectateur, on lâchait dans certains cas les fauves dressés à les achever.

 Justus Lipsius 1594


Clouement


 Gérard David

 église St Michel de Louvain

Veronèse

 Doré

James Tissot

 Steven Miles Crucifixion storyboard

Howson

L'érection de la croix 

 Rubens Erection de la croix

Lebrun Élévation de la croix



 Doré

Aligi Sassu


Christ au poteau (bis) (le stauros grec des écritures, désigne à la base un pieu de palissade, un poteau, c'est la crux simplex des latins; l'autre mot traduit par croix est xulon qui signifie simplement "bois"; pour les romains, crux peut aussi bien désigner un pal et éventuellement une potence.
C'est la thèse adoptée par les Témoins de Jéhovah, à partir de 1935.


Mais dès la fin du 19è siècle, les illustrations de Godefroy Durand pour la Vie de Jésus de Renan provoquèrent un certain scandale:


 Quelques autres planches de Justus Lipsius tirées du Livre des Croix



Dans la pratique ce poteau est souvent un timon de char. L'iconographie de la croix avec patibulum (et son culte) n'apparaît qu'à partir du 4è siècle, du rêve de Constantin, du concile de Nicée. Elle est sans doute la récupération du T (de Tammuz et de divers dieux tels Bel,Atys ou Bacchus): c'est la crux sumissa ou commissa,  le Y ou l' X (crux decussata) associés à la roue solaire de divers rites païens intégrés à l'église officielle. Les autres épiphanies, comme la communion et la résurrection sont empruntés au culte de Mithra, dieu cryptique ramené d'orient par les armées romaines.


La crux capitata ou immissa, celle qui devient la représentation ordinaire des chrétiens semble avoir été fréquemment utilisée par les romains comme instrument d'infamie pour la persécution des premiers chrétiens, qui étaient également attachés à des poteaux pour brûler comme des torches.


 Henryk Siemiradski Les torches

Ce modes d'exécution est interdit par Constantin après sa conversion. Les romains le réservait aux esclaves, par extension aux affranchis, aux pauvres.



Fedor Brunnikov


Francis Brangwyn

Lucius Aenneus Sénèque (Dialogue 6, 20-3) : "Je vois chez les tyrans des croix de plus d'une espèce, variées à leur fantaisie : l'un suspend ses victimes la tête en bas ; l'autre leur traverse le corps d'un pieu qui va des parties intimes à la bouche, d'autres leur étendent les bras à une potence ; je vois leurs chevalets, leurs verges sanglantes, leurs instruments de torture pour mes membres, pour chacune des articulations de mon corps ; mais là aussi je vois la mort. Plus loin, ce sont des ennemis couverts de sang, des citoyens impitoyables ; mais à côté d'eux je vois la mort. La servitude cesse d'être dure, quand l'esclave, dégoûté du maître, n'a qu'un pas à faire pour se voir libre. Contre les misères de la vie, j'ai la mort pour recours."


 Pierre-Paul Prud'hon

Thomas Eakins Etude pour la tête du Christ
Joaquin Sorolla 1883

Mario Donizetti 1969



L’éventualité de l'empalement serait aussi à considérer; elle s'est métaphorisée, "miniaturisée" et dédoublée dans dans les clous, à mesure que les "instruments de la passion" devenaient l'enjeu de nouveaux débats théologiques (3 ou 4 clous, dans la paume ou au-dessus du poignet, les pieds écartés sur les bords du stipes pour faire porter le poids sur le bas du corps). Les scientifiques ont cherché nombre d'explications biologiques aux causes de la survie et de la mort, admettant tardivement la possibilité d'un supedaneum (tablette soutenant les pieds) ignorant pour la plupart le sedile (siège d'où dérive l'expression chevaucher la croix) et la pointe en forme de corne (cornu, acuta-crux, épine dans le langage courant) qui y était parfois affixée, de façon à perforer le périnée ou à pénétrer l'anus.

Max Klinger en 1888 représente les sedile et choisit l'option réaliste des croix basses


Gaston Balande, crucifixion de Saujon

Très curieusement, cette crucifixion méconnue des années 20 représente aussi les crucifiés nus, "assis" sur le sedile.

Les soldats jouent aux dés la tunique du Christ


Un deuxième déshabillage? Quelqu'un veut-il le slip de Jésus? Que masque cet épisode?

 manuscrit 15è (entourage de Fournet)
 détail Andréa di Bartolo Solario
 détail Mantegna

Wilhelm van Oordt

 André Thiry
origine inconnue (TJ?)

 Transfixation, boissons et lances


 Fra Angelico



 Hans von Tübingen

Pieter de Kempenner (Piero de Campana)
 

 (on remarquera l'assassin en bas)

On entre ici dans le plus total délire, aucun évangéliste, hormis Jean n'évoquant jamais le coup de lance, attribué par Nicodème à un certain Longin, saint dont la biographie sera fabriquée tardivement. De nombreux commentateurs soulignent que Lonché en grec est tout simplement le mot qui désigne la lance. Cette fable permit la confection de nombreuses reliques dont la possession (comme celle du Graal) devint un symbole de pouvoir.

L'épisode Longin vu par Tissot




 


Lovis Corinth Le Christ rouge

29 Il y avait là un récipient plein d’une boisson vinaigrée. On fixa donc une éponge remplie de ce vinaigre à une branche d’hysope, et on l’approcha de sa bouche.
30 Quand il eut pris le vinaigre, Jésus dit : « Tout est accompli. » Puis, inclinant la tête, il remit l’esprit.
31 Comme c’était le jour de la Préparation (c’est-à-dire le vendredi), il ne fallait pas laisser les corps en croix durant le sabbat, d’autant plus que ce sabbat était le grand jour de la Pâque. Aussi les Juifs demandèrent à Pilate qu’on enlève les corps après leur avoir brisé les jambes.
32 Les soldats allèrent donc briser les jambes du premier, puis de l’autre homme crucifié avec Jésus.
33 Quand ils arrivèrent à Jésus, voyant qu’il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes,
34 mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau.  (Evangile de Jean)


- Quel vin fut donné à boire à Jésus ?

 Matthieu 27,34 : "ils lui donnèrent à boire du vin mêlé de fiel (..)"  Marc 15, 23 : "(..)  ils lui donnèrent à boire du vin mêlé de myrrhe".

D'où provient cette curieuse remarque d'une boisson mêlée de myrrhe lorsqu'on sait que les romains l'utilisaient essentiellement comme un aphrodisiaque? 

- Jésus goûta-t-il le vin ?

Matthieu 27, 34, : "(..) il l'eut goûté (..)", Marc 15, 23: "(..) il ne le prit pas (..)".


Tissot

L'hysope et le vinaigre


 Jordaens, crucifixion "janséniste" cathédrale de Bordeaux
(détail)


L'hysope est un petit buisson épineux qui certainement ne pouvait servir à tailler une perche. On peut remarquer la proximité linguistique en grec de
ὑσσώπῳ = hysope et ὑσσῷ = pointe ou lance. On peut aussi s'avancer à souligner que selon Pline l'ancien le mélange vinaigre et hysope était considéré comme un très puissant anesthésique utilisé principalement pour les douleurs rectales. On me dira que je vois le mal partout; je le discerne où il est à travers ses déguisements.


Ajouter une légende
Ferdinand Eugène Delacroix


Les larrons

 Johann Kluska


L'humanité est représentée par ces voleurs que les peintres apprennent à figer dans une souffrance qui met en valeur la placidité du sauveur, alors qu'ils sont souvent liés par des cordes et non cloués. C'est l'Evangile de Luc (et lui seul) qui sert de socle à cette croyance, proclamant de facto l’inutilité du baptême pour atteindre le Ciel.


« L'un des malfaiteurs suspendus à la croix l'injuriait : « N'es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi. »
Mais l'autre, le reprenant, déclara : « Tu n'as même pas crainte de Dieu, alors que tu subis la même peine ! Pour nous, c'est justice, nous payons nos actes : mais lui n'a rien fait de mal »
Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi lorsque tu viendras dans ton Royaume. »
Et il lui dit : « En vérité, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis. »
                                                     Saint Luc, 23, 39-43


 Tryptique d'Heemskerck

 Romanino Fresque de Pisogne

 détail des larrons


 
 Giacomo Piazetta

 Tiepolo Crucifixion de Venise et détails des larrons


 Tintoret peint plusieurs plusieurs calvaires



 La grande crucifixion
 

Tableaux dans le tableau


 Etudes pour un calvaire





Pour chaque sujet, toujours faire confiance à Rubens qui adopte différentes  dispositions.






Lebrun Le portement de croix

à l'extrême droite du tableau on distingue les larrons, celui de gauche -à droite pour le spectateur- portant le nom de Gesmas, celui de droite ...ssmas (dysmas) caché par le légionnaire à cheval. Ces noms proviennent de l'apocryphe Evangile de Nicodème (Actes de Pilate, 4è siècle toujours)


Lebrun étude d'hommes portant une poutre



 Karel Dujardin (détail)

 David Téniers (détail)

 Michel Coxcie

Pedro Orrente

Anonyme français? 17è


 
 Delacroix d'après Rubens

 
 Gustave Moreau

Le bon (premier des saints de l'Eglise) regarde généralement vers le ciel.

 Titien Le Christ et le bon larron
Le mauvais, plus vieux et plus laid, regarde vers l'Enfer qui l'attend. Ces développements supposent que toute forme de révolte est inutile et dangereuse. Il est convenu d'ailleurs qu'il attendra plus longtemps la mort.

 Desvallières

Michelangelo Cerquozzi

 
Tissot On rompt les membres des larrons

Comme on l'a vu, cette coutume était destinée -parait-il- à hâter la mort.

 Lovis Corinth Le grand martyr

Corinth Voleur en croix


Calvaires modernes
Egon Schiele 1912 Le soleil noir

 Michael Rohenstein

Frerick Wight vers1930

Renato Guttoso

Stanley Spencer

William Roberts 1937

Aligi Sassu 1941

Peter Howson Jugement et grâce

 5- La mort : 

Descente de croix, résurrection, les doigts dans la plaie, Pieta

Daniele Crespi

Ribera Pieta

Crespi Christ soutenu par un ange

Ludovic Carrache

Annibale Carraci Christ mort et instruments de la passion


On passe rapidement sur l'érotisme associé au corps du Christ mort... car la souffrance est cette fois du côté des spectateurs

 Ribalta le baiser de St François

Francisco Ribalta Saint Bernard


 
 une des stations de Peter Howson

Titien Mise au tombeau
Le bas relief du sarcophage montre une flagellation

 Lovis Corinth Etude pour la mise au tombeau
le tableau final a été détruit en 1915

rEsuRrECTION

 Rubens résurrection

Michael Triegel

Stom Emmaüs

 Van Dyck apparition aux disciples

 Rubens
L'incrédulité de Thomas

 Francesco Salviati
Gerrit van Honthorst

Matthias Stom (l'élève du précédent)

 
Ter Brugghen


 Caravage

 Serodine

 John Ganville-Grégory

Quelque autre martyrs

Rapide survol, commençons par le plus gros:

Le martyre des 10000: Maurice (selon d'autres Acace) et la légion thébaine. Vous n'en avez jamais entendu parler? Normal, l'extraordinaire popularité de cette grosse farce s'est éteinte d'elle même à cause de son invraisemblance, avec la fin de la renaissance, et n'a guère laissé de traces que dans l'histoire de la peinture.

Jean Bourdichon


Albrecht Dürer





Jacopo Pontormo




Vittore Carpaccio
 





Quelques cas particuliers (avec moins de monde)
Pontormo Quintinius... le piercing comme élément de la sainteté ?

Guido Reni 1605 Pierre

Comme dans certaines scènes de flagellation, on ne peut s'empêcher de constater que l'intention descriptive du peintre se déplace vers la représentation des bourreaux

Michelange, étude pour une crucifixion (Pierre)


 José de Ribera Philippe

Il est évidemment tentant de s'intéresser à Sébastien dont le supplice est fréquemment représenté de façon particulièrement érotique ; considérons-le détaché de son poteau:

Nicolas-Guy Brenet


 A. de Bellis Sébastien

 Nicolas Régnier

La croix en X, le Khi

 
 Caravage André

 Le Brun André

Une grillade?

de Boullogne Laurent

Ribera

Michel Coxcie Georges et sa machine infernale


Tiepolo Barthélémy

Ribera Janvier

Philippe de Champaigne dévouverte des reliques de Gervais et Protais

À Nantes, peut-être en 304, les saints frères Donatien et Rogatien, martyrs. L’un d’eux, rapporte-t-on, avait reçu le baptême, son frère était encore catéchumène. Dans leur dernier combat, Donatien embrassa son frère et pria Dieu, puisque Rogatien n’avait pas été plongé dans le bain sacré, qu’il puisse être lavé dans le flot de son sang.
                               Martyrologe romain

Théophile-Auguste Vauchelet



Il ne s'agit pas de démontrer l'inanité de ces scénarios et la suite de fantasmes nuisibles dans lesquels ils prennent racine, mais au contraire de constater qu'en dépit de ces absurdités et de ses outrances, le canular est toujours aussi efficace, qu'il n'a cessé de remplir les mêmes objectifs de domination et de puissance, que depuis les 13 à 20 siècles de sa mise au point, rien n'a changé, on cloue toujours les esclaves, l'entreprise de destruction a même gagné du terrain, telle une machine qui s'alimente de sa propre substance, notre souffrance, elle progresse vers la fin du temps, par peur de la révolution qui la rendrait obsolète. Elle rend la reproduction inutile et malfaisante, les atrocités qu'elle nous prescrit sont devenues les ressorts de notre désir, nous singeons son inhumanité en photocopiant des versions affadies de son mécanisme transmuté en notre quotidien. Nous croyons en la fournaise, nous prions la fabrique à broyer, elle nous enseigne, face aux diables puissants qui sont ses inventeurs que la seule issue à la douleur réside dans la soumission à sa loi.

Howson Prophecy




2 commentaires:

Homodesiribus a dit…

Encore un très bel article, érudit et très bien illustré. Tu m'as impressionné, bravo.

Fred. A a dit…

Merci.

A ceux qui pourraient être choqués, je rappelle que "Nobody's perfect", even He...