dimanche, novembre 19, 2017

Douglas Blanchard: sexe, religion, extermination

La confusion a façonné nos sociétés. Les rédacteurs des textes canoniques se sont-ils rendu compte de la portée de leurs fantasmes? de ce qu'ils imposaient aux naïfs? Les textes religieux fondateurs de l'occident et du moyen-orient ne sont qu'un ramassis d'extravagances sado-masochistes, à commencer par le symbole du Christ en croix, un corps cloué après avoir subi les (derniers) outrages, une vision plus violente de leurs rêves malsains que n'importe quel film de cul pourrait l'imaginer. Nul doute qu'on y puise le prétexte à de nouvelles guerres, réaffirmant la primauté de l'instinct sexuel, porté vers la destruction, travaillant les racines du désir pervers; toutes les religions y collaborent, toutes leurs interdictions, leurs anathèmes, leurs fatwas ne visant, quoiqu'ils puissent en dire, qu'à l'extermination d'une espèce, la nôtre, qui ne connaît de rédemption qu'à travers la souffrance et la mort, c'est-à-dire l'illusion de la vie éternelle, gagnée par l'intolérance et la promesse de plaisirs qui n'en finiront pas, les paradis peuplés de vierges soumises, l'échange de promesses infantiles contre une réalité qui ne conduit qu'à l'éradication du vivant, seul terme enviable, seule sanctification possible, la mort de tous, de la mémoire, de l'art, des données susceptibles d'assurer un salut autre qu'une éternité de douleur et d'abnégation. Si nous vivions à l'extérieur de l'enfer! mais leur modèle se reproduit, fabrique les techniques qui ne tuent plus seulement l'humain, mais toute vie, à moins que, se faisant leur égal, nous apprenions à en jouir, à faire des criminels la cible, l'agneau rituel, celui dont l'égorgement est synonyme de rédemption.  Puisque tout est perdu et qu'ils nous ont menés là, viser les têtes de l'hydre, supprimer qui nous oppresse, et en tant que complices, tous ceux qui y ont collaboré et consenti.

Comme toutes armes, il était inévitables que celles-ci se retournent contre eux. Le vœux du martyr est l’argument ultime des bourreaux. Nous n'avons pas d'autre choix que de le leur offrir. Qui sont les étrangleurs?

 Jean 9:39
Puis Jésus dit: Je suis venu dans ce monde pour un jugement, pour que ceux qui ne voient point voient, et que ceux qui voient deviennent aveugles.


Douglas Blanchard



Douglas Blanchard est professeur d'Art et d'Histoire de l'Art à l'université de New York, communauté du Bronx. Soyons clairs, ce n'est pas sa peinture qui est en soi intéressante, ni même son appartenance à une quelconque communauté épiscopale, ni la sincérité ou la foi en relation avec l’œuvre qui lui a apporté une célébrité soudaine, le livre Passion du Christ, une vision gay. Ce qui est intéressant, c'est bien les réaction suscitées, les cris au scandale des extrémistes chrétiens, ceux qui selon les mots de Kittredge Cherry, auteur du texte accompagnant les 24 peintures "ont mis leur copyright sur le Christ et l'utilisent comme une arme pour dominer les autres."

Plus qu'une expérience de méditation à l'usage des croyants, Blanchard fournit, malgré lui sans doute car la violence de l'expression reste très mesurée, une critique assez radicale de l'oppression sociale par les puissances financières, militaires, religieuses et médiatiques. Bien qu'on les trouve maintenant facilement, examinons quelques une de ses images pieuses:


Jésus chasse les usuriers (les banquiers ou les marchands du temple)
Notes les flics New-yorkais et la foule en révolte qui arrache les grilles.



L'arrestation de Jésus


Jésus devant les prêtres
Notez la présence des représentant des différentes obédiences religieuses mises en concurrence, à égalité. (L’œuvre est post 11 septembre, mais elle place face à face les autorités des divers états et montre comment l'usage de la force et de la coercition est la chose la mieux partagée au monde, en dépit de toute raison,contrairement à ce que pensait Spinoza.


Jésus devant les magistrats
Uniforme nazi, aigle américain, rappel de l'empire noir romain décrit par K. Dick.


Jésus devant les soldats
Remarquez la cigarette, le doigt d'honneur, le crâne, les chiens; scène de torture ordinaire...


Jésus aux outrages

Jésus marche vers son exécution


Jésus est cloué à la croix
sous le regard de la presse.


Jésus meurt


Jésus parmi les morts

Jésus apparaît à Emmaüs
juste pour le foulard et les valises

La Trinité
Très kitsch mais sans doute plus choquant pour les bien-pensants que le reste somme toute effroyablement quotidien.

Non content de son premier scandale Douglas Blanchard a entamé une deuxième série de peintures sur le même thème, axant le regard sur l'image telle qu'elle pourrait être vue par la photo de presse:

 La cène

L'arrestation de Jésus


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