vendredi, septembre 14, 2012

En marge de l'académie: l'autre 19è siècle




Anonyme 19è siècle Berger trouvant la tête d'Orphée
Anonyme 19ème siècle La Mauvaise rencontre

Les défauts d'attribution concernant les travaux scolaires de nus du 19ème siècle sont moins fréquents qu'à la fin du 18è où les lots des écoles sont distribués par suite des saisies révolutionnaires.
Dessin dans un style proche des sanguines de Bouchardon

peinture scolaire anonyme rappelant Narcisse Guérin

D'un bout à l'autre du siècle quelques académies remarquables n'ont toujours pas trouvé d'auteur:








anonyme vers 1890



Il n'est parfois pas aisé de faire la différence entre le style révolutionnaire, directoire et empire dont les caractéristique se fondent, et même entre écoles nationales, surtout lorsque la gravure se charge de prendre le relais de motifs plus ou moins anonymes:

Lutteur, gravure d'après un original belge

 

anonyme (école de Girodet?)


 anonymes inachevés (début 19è)



dans le style de Michallon


anonyme, peut-être Lancrenon

école française, vers 1810?
 

école française, 1820, anonyme
 

homme endormi (Christ mort?)

Torse anonyme vers 1800


Pierre Lelu (1741-1810)



 

Bernard Romain Julien (1802-1871), cours élémentaire de dessin, lithographie

 Julien 1833

 
Jean-Baptiste Thonnesse (1755-1838)



Dessins scolaires de Romain Etienne Gabriel Prieur, prix de Rome de paysage historique




 Achille Etna Michallon
 

Jacques Louis David
et son rival François-André Vincent (1746-1816)




Satyre
 
 Pyrrhus à la cour de Glaucias

Arria et Poetus

 David vainqueur de Goliath

 Etude pour La leçon de labourage



 Les romains et les sabins


Ce dessin néoclassique représentant La Bataille des Thermopyles n'a pas trouvé d'auteur: son style évoque fortement le passage de Vincent à David,

comme il rappelle celui de cette étude attribuée à Géricault

Joseph-Marie Vien (1716-1809)

David, comme Vincent, furent les élèves de Joseph-Marie Vien, qui, promu premier peintre du Roi en la fatidique année 1789, devint l'artiste le plus honoré de son temps, y compris sous l'Empire, puisque, élevé au rang de Sénateur, puis de Comte à la veille de sa mort à l'age canonique de 93 ans, il est toujours le seul peintre inhumé au Panthéon sur ordre exprès de Napoléon. Vien est considéré comme le précurseur du néo-classicisme dont ses élèves seront les premiers représentants avérés (c'est peut-être négliger l'influence de Pompeo Batoni, peintre romain, qui choisit David comme légataire de ses pinceaux et de sa palette).


 académies



Saint-Jean Baptiste

En 1743 pour l'épreuve préparatoire au prix de Rome, Vien présente entre autres travaux Josua arrêtant la course du soleil (huile sur papier)



Admis à concourir, il remporte le prix contre toute attente avec David se résigne à la volonté du Seigneur qui a frappé son royaume de la peste


Parmi les nus masculins les plus connus de Vien se trouve ce Dédale et Icare : en le comparant au traitement du même sujet par Lebrun, on comprend que Vien ait eu une certaine réputation de froideur

ce qui n'est pas le cas de ses esquisses, où la touche est plus vive:
Noé dirigeant la construction de l'arche
détails


Mais la carrière de Vien est surtout remarquable par le nombre de ses élèves, -sans compter sa femme Marie-Thérèse Reboul et son fils- autant français qu'étrangers, tous peintres de renom: Jacques-Louis David, Jacques Gamelin, Jean-François-Pierre Peyron, Joseph-Benoît Suvée, Jean-Baptiste Regnault, Etienne Aubry, Pierre Cacault, Louis-François Cassas, Henri-Pierre Danloux, Philibert-Louis Debucourt, Balthazar Anton Dunker, Per Gustaf Floding, Étienne-Barthélemy Garnier, Philipp Friedrich von Hetsch, Aleksander Kucharski, Anton Pavlovich Losenko, Jan Piotr Norblin de la Gourdaine, Marie-Suzanne Roslin, François Sablet, Jacques Sablet, Jean-Pierre Saint-Ours, Jean-Joseph Taillasson, François-André Vincent, Johann Friedrich Maximilian comte Waldeck, Adolf Ulric Wertmüller, Pierre-Alexandre Wille.

Avant de nous pencher sur quelques-uns d'entre eux, examinons le cas d'un peintre dont la carrière, plus solitaire que celle de Vien, y ressemble pourtant, dans la facilité qu'il montra à passer de l'ancien régime à l'Empire:

Antoine-François Callet (1741 -1823) et l'Hercule révolutionnaire

A l'origine, Antoine Callet a été le portraitiste officiel de Louis XVI: son portrait du roi en costume de sacre, dans la tradition des portraits de Rigaut est exposé au salon de 1789!

 

 Prix de Rome en 1764 pour Cleobis et Biton conduisant au temple le char de leur mère

Callet donne toutes les apparences de se couler dans le moule traditionnel de la peinture académique:
Sabinius et Eponyne devant Vespasien
 

Malgré l'état du tableau on comprend qu'il fait parfois d'une certaine originalité dans ses sujets comme dans cet Achille et Patrocle peu exploité par les peintres français


Le même esprit légèrement décalé préside à ses allégories des saisons vues à travers les fêtes romaines, qui lui ouvrent les portes de l'Académie
Saturnales (hiver)
 Bacchanales (automne)


Ces deux esquisses pour un Combat de gladiateurs mâles et femelles témoignent encore de l'originalité de Callet:


 comme ce dessin de son talent expressif

S'ajoutent à cela des sujets mythologiques classiques classiques, dont ces deux versions de Jupiter et Cérès




Au sortir de la période révolutionnaire, Callet est le dernier maître incontesté de la représentation allégorique: ses tableaux accusent la transposition au service de Bonaparte de l'allégorie royale telle que fixée par Lebrun pour Louis XIV, et Hercule, modèle du héros guerrier devient le libérateur et l'assassin de tyrans tel qu'il est vu par les artistes populaires. Quelques exemples de l'Hercule Révolutionnaire vu par les caricaturistes des années 1790:
Hercule abat le fédéralisme
 Hercule mangeur de rois
 Hercule, allégorie du peuple français
La chiquenaude du peuple (18 fructidor)
La symbolique de la république romaine et de la mythologie envahit les premières représentations républicaines. Le chef, qui se confond avec le peuple est de nouveau nu, comme les héros.

anonyme, Mars au bonnet phrygien (Vizille musée de la révolution)
 

Robert-Guillaume Dardel (1749-1821) projet de monument révolutionnaire, le Peuple portant le flambeau de la liberté



qui reprend les codes de son Brutus jurant la mort de César


Antoine Callet peint deux versions de son chef d'oeuvre, le 18 brumaire ou La France sauvée, l'une aujourd'hui à Vizille,

 

l'autre pour le plafond de la Salle du Sacre à Versailles (1801)


 S'ensuivent divers tableaux allégoriques des victoires de Bonaparte et de Napoléon, toutes plus étranges les unes que les autres pour une période où ces sujets seront traités sous un angle plus réaliste:

Maringo
 reddition d'Ulm

 Austerlitz, où Hercule accompagne à nouveau le souverain.


Charles Meynier (1763-1832)

traversa avec une certaine facilité les régimes politiques de son temps. 

Académies scolaires
 

 

En 1789, il obtint le Prix de Rome (réservé de 1786, non décerné)  la même année que Girodet, sur le sujet de Joseph reconnu par ses frères,
 
Un de ses premiers projets ambitieux paraît avoir été une Allégorie de la naissance de Louis XVI.


Envoyé à  Rome en qualité de pensionnaire du roi, il yrencontra Füssli dont il copia l'Homme dévoré par un lion connu sous le titre

Milon de Cretone 
 

toile demeurée plus célèbre que l'original
 

Son Apollon (détail) est une des nombreuses variations qu'il composa sur le thème des Muses
 
Rentré à Paris sous la terreur, il entreprit dans la clandestinité par peur des poursuites dont étaient victimes les autres élèves de Vincent, une série de dessin destinés à des peintures ultérieures qu'il ne réalisa pas toujours.

 Combat grec
 

Byard rachète les esclaves
 
Mort d'Adonis 
 

Il fut célèbre comme peintre de plafond et d'allégories
Apothéose de la peinture (détail)

 

Quelques tableaux d'Empire de Meynier se situent à la frontière entre réalisme et allégorie, c'est particulièrement le cas de Napoléon visitant le champ de batailleau lendemain de la bataille d'Eylau, avec sa spectaculaire accumulation de corps nus au premier plan, tableau malheureusement peu reproduit
 

détail

détail du dessin préparatoire

 Napoléon dans l'île de Lobau au lendemain de la bataille d'Essling premet encore à Meynier de créer une belle accumulation de torses:

détail


Le tableau le plus connu de Meynier , purement académique dans la tradition du 18è, reste Alexandre cédant Campaspe à Appelle, peint en 1822!



Aucun commentaire: