William Etty, anglais, est né à York le 10 mars 1797 (mort le 13 novembre 1849). Apprenti imprimeur selon le voeu de son père, il suit grâce à la générosité de son oncle des études de peinture à l'Académie Royale de Londres, sous la direction d'Henry Fuseli (Füssli), élève privé de Thomas Lawrence qui lui enseigna la technique du portrait.
L'influence de Füssli paraît patente dans ce Prométhée curieusement percé d'une flèche
comme dans ce Titus Manlius projeté de la roche tarpéienne
mais plus das cette autre interprétation du même thème
Après plusieurs voyages en Italie (Florence, puis Venise) il devint membre de L'Académie Royale et connut un certain succès à Londres à partir de 1823. Néanmoins ses nus féminins causèrent un certain émois dans la bonne société, et ses grandes compositions restèrent souvent admirées sans trouver d'acquéreur.
C'est le cas du Combat (la Pitié plaidant pour les vaincus) qu'Etty comptait parmi ses oeuvres préférées
l'étude du même
qui fut finalement acquis par John Martin, autre peintre anglais, pour la somme de 300 Livres.
Etty est meilleur, quand ni Pitié ni Vertu ne s'en mêle: Ici Benaiah (tuant les hommes de Moab) 1829
'the upper part of the body and the arms of the victor seem to us somewhat exaggerated - or the thighs and legs want size - certainly they appear to us not in harmony with each other' s'indigna le critique de l'Examiner. Pour un artiste aussi assidu à la classe de modèle vivant de telles disproportions sont impardonnables, renchérit celui de Court and Fine Arts.
Ces fautes de dessins, en même temps qu'un effet de la mode romantique visant à l'expression plus qu'à la perfection, demeurent justement l'atout principal l'oeuvre non officielle d'Etty. Ses grands tableaux d'histoire ou de mythologie, quoiqu'ils possèdent des couleurs d'une intense force, sont aujourd'hui un peu marqués par la mode surannée et légèrement kitsch de son temps.
Les Sirènes et Ulysse 1839
détails
Mars abandonnant Venus
Candaule, roi de Lybie montrant sa femme à Gyges
auquel on comparera la version beaucoup moins brutale de Chassériau
ou de Léon Gérome
Candaule, sonnet de Louis Bouilhet (ami fidèle de Flaubert)
J’ai lu dans quelque auteur qu’un prince de Lydie,
Candaule, cet époux de sa femme orgueilleux,
Comme elle était, un soir, par le somme engourdie,
Fit demander Gygès, son favori joyeux.
Levant le dernier voile, avec sa main hardie,
Il découvrit un corps fait pour le lit des dieux,
Et des genoux d’ivoire à la gorge arrondie
L’étranger promena son œil luxurieux.
Nous qu’en ses légions la poésie enrôle,
Nous sommes tous pareils au Lydien Candaule.
La muse nous livra ses trésors inconnus ;
Dans des baisers divins nous avons bu l’ivresse,
Mais nous voulons encor, pour prix de sa tendresse,
Aux Gygès curieux étaler ses flancs nus !
S'il fallait désigner quelques traits caractéristiques de la manière d'Etty, on désignerait, l'obsession des fonds rouges qui font on ne peut mieux valoir la chair, le rejet du dessin classique (comme tous ceux qui ont beaucoup copié l'ancien), l'absence quasi totale de sujets religieux, au profit de la mythologie ou des représentations liées à l'ancien testament.
Probables copies d'ancien par Etty, ou son cercle
Saint Jean Baptiste
Le Fils Prodigue
David tenant la fronde
David sur son char
Persée
Bacchus
Il n'empêche que même dans l'illustration néo-religieuse, on atteigne parfois au sublime (la détérioration de l'image jouant son rôle dans le miracle)