samedi, juillet 30, 2011

Bouchardon, sculpteur de Louis XV

Edme Bouchardon (1698-1762) est, une fois n'est pas coutume, un sculpteur, fils et frère de deux autres sculpteurs moins connus. Prix de Rome en 1722, il resta dix ans dans la ville éternelle où il réalisa de nombreux dessins d'après MichelAnge, Raphaël, et donna sa version du célèbre Faune Barberini, alors à la villa Medicis (aujourd'hui à Munich): voici sa version telle qu'on peut la voir au Louvre

Tous les parisiens connaissent sans le savoir une œuvre monumentale de Bouchardon, la fontaine dite "des quatre saisons", rue de Grenelle dont l'élévation intègre deux portails d'hôtels particuliers, et dont on connaît moins le détail que l'architecture. Encore à Rome au moment de la construction de la Fontaine de Trevi, pour laquelle il présenta un projet, Bouchardon en resta marqué toute son existence et trouva dans ce domaine sa spécialité. Devenu sculpteur du roi, il conçut des groupes pour divers bassins de Versailles, et une statue équestre de Louis XV qui l'occupa malheureusement plusieurs années alors qu'il aurait pu appliquer son talent à des projets plus attrayants (pour la postérité s'entend).
Projet de fontaine

Bouchardon était un dessinateur de talent, qui ne s'est heureusement pas cantonné aux motifs allégoriques et aux œuvres à caractère religieux. Cet autoportrait, sans la complaisance du portrait que fit de lui Drouais père, est assez caractéristique de sa technique de dessinateur
En plus de ses groupes sculptures, Bouchardon laissa de nombreux dessins (une série bien connu des métiers par exemple) de scènes composées destinées à la gravure, comme ses contributions à l'iconographie de l'histoire d'Hercule:
Hercule, Mercure et Cerbère, composition très ingénieuse et dessous Hercule combattant les centaures:

On lui doit aussi quelques scènes d'inspiration mythologique comme ce Sylvains et satyres déplorant la morts de Marsyas
Cet Enée portant Anchise d'après un motif des appartements du Vatican de Raphaël
C'est sans doute à Rome qu'il eut l'occasion de dessiner le fameux groupe antique des lutteurs (redécouverts acéphales en 1583, joint à la collection Médicis, aujourd'hui aux Offices de Florence)
Ou copia-t-il la version "allégée de Magnier (Louvre) installée dans les jardins de Versailles vers 1685
Le dessin de Bouchardon, et un dessin anonyme du 18ème siècle dont le style est très proche des albums de Bouchardon (contre-type de sanguine, le motif étant inversé)
Bouchardon songea-t-il à exécuter un groupe de lutteurs? Plusieurs dessins, copies ou non de statues classiques paraissent se rapporter au sujet, dont une curieuse double académie:

Chez Bouchardon l'homme devient souvent un élément de l'architecture, comme on le voit dans ses figures d'atlantes:



Ses allégories de fleuves (études pour La Seine de la fontaine de la rue de Grenelle)



où l'on croit reconnaître le modèle du Christ appuyé à la croix
ou celui qui posa l'amour pour l'Amour sculptant son arc dans la massue d'Hercule (plus remarquable pour son bouclier et sa peau de lion que pour la figure elle-même)

qu'on retrouve encore dans les allégories de l'automne du jeune homme à la coupe de la Fontaine des 4 saisons:

Mais de nombreux nus d'atelier de Bouchardon paraissent ne pas avoir d'autre destination que leur seul intérêt, ce qui justifie peut-être l'influence qu'il exerça sur les peintres:







De nombreuses académies lui sont attribuées et certaines figures comme les deux corps allongés ci-dessous ont été identifiés dans le Martyre d'Hippolyte de Soubleyras
ou ce dessin d'Aveline du musée de Washington explicitement copié sur un original de Bouchardon
Quelques autres académies prêtées à Bouchardon:



Ce dernier dessin conservé à Harvard est certainement de Bouchardon
attesté par sa reprise (en miroir) dans le trompe l’œil (huile sur toile) de Gabriel Gresly Dessin de Bouchardon au verre brisé

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