jeudi, septembre 01, 2011

Ceux qui sont restés


A moins de donner dans la statuaire monumentale, assumer une orientation sexuelle déviante en art paraît compliqué dans la Russie stalinienne:
                                                            Marveyev Monument à octobre

Le footballer de Sochi
Reste encore le thème de l'ouvrier, mais les métallurgistes de la peinture soviétique sont moins dénudés que les compagnons de Vulcain dans la peinture classique italienne:
Kostin 1949 la forge
Kuzma Nikolaiev 1930 Poseurs de rails
Ceux qui peuvent se permettre de peindre des nus masculins (ou même de demi-nus) ne le font qu'à l'occasion, sans pour autant prétendre affirmer une identité sexuelle. On en aurait autant au service des régimes dits "démocratiques", lesquels n'ont eu de cesse de copier les procédures de l'art fasciste, du moins lorsqu'il est question de "Réalisme".

Parmi les 5000 oeuvres de Piotr Konchalovsky (voir Biographie),-l'oncle d'Andrei- quelques tableaux témoignent de cette curiosité. Le plus emblématique, peint en 1928, pour fêter les dix ans de l'armée rouge attendra l'exposition plus d'une cinquantaine d'années. Cette toile immense de 4 mètre sur 5, révélée au public en 1982 est intitulé Le bain de l'Armée rouge, parfois désignée comme "le bain des chevaux".
Détails:

Curieusement le même sujet apparaît en 1940 sous la brosse d'Anatoly Treskin (1905-1986), comme vu de derrière:
 Treskin dont on trouve également, en dehors de ses portraits d'enfants et de paysages ce dessin d'un lutteur:


Fortement influencé par Cézanne (c'est peut-être même le peintre le plus représentatif de l'héritage cézannien), Konchalovsky a réussi à traverser les divers courants de l'avant-garde pour se couler dans le moule du réalisme soviétique. Quelques autres tableaux de ce peintre:
Le polisseur de parquet de la galerie Tretiakov

 Hercule et Omphale (collection de la famille)

 L'âge d'Or

Afin de montrer qu'il ne s'agit pas de sujet isolés, voici, quoiqu'elles soient marqués et d'assez  mauvaise qualité, quelques reproductions qu'on pourra consulter à cette adresse:





Autre peintre soviétique majeur, toujours sujet à controverses pour la docilité avec laquelle il se plia aux dictats officiels, Alexander Deineka qu'on connaît surtout pour La défense de Sebastopol et la Défense de Petrograd est peut-être plus célèbre encore pour les mosaïques qu'il réalisa à destination des couloirs de différentes stations du métro de Moscou. Parmi ses thèmes récurrents figurent les aviateurs et les parachutistes, ainsi que plusieurs toiles mettant en scène des sportifs.
 Autoportrait (1949)
Sébastopol


 Le boxeur Gradopolov

Plus curieuse, cette scène de plage située comme l'étude le montre dans la série des tableaux du Dombass (en marge de diverses affiches de propagande)


 L'As abattu (1943)
 Après la bataille
Pour ce tableau, il semble assez net que Deneika s'est inspiré des photographies de Boris Ignatov représentant les bains de Moscou en 1935

 Après le travail
 Mosaïque

La galerie de photos de Leonard Okhotchinski (grâce lui soit rendu) nous apprend l'existence de Sergeï Pichugin, les thèmes traités recoupant parfois ceux évoqués plus haut. Voici dans un commentaire ce qu'il nous en dit:
Sergey Ivanovich Pichugin (1881-1971) was born in Sergiev Posad near Moscow into a family of toy makers. There, in the famous monastery, he studied icon painting. Later he painted murals in several churches. In 1912 he graduated from the Moscow School of Painting, Sculpture and Architecture, where he had studied under Korovin and Vasnetsov, among others. Pichugin was a member of many societies and art groups, taught at Stroganov School. Pichugin has remained pretty much forgotten, although a big exhibition in 2006 revived interest in his works.

Below are links to websites where you can see more of Pichugin's paintings.
sovcom.ru/index.php?category=painters&painterstype=painter&painter=1678
www.shishkin-gallery.ru/artist_850.html
A la plage 1927
 

Bord de mer, 1939

Jour de congé au camp militaire (années 40)

Même mélange de personnages nus et habillés qu'on retrouve encore dans le magnifique tableau de Dmitri Zhilinsky en 1959, Le bain des Soldats ou Les bâtisseurs du pont
Le même Zhilinsky donnant en 1964 l'équipe de gymnastes dans un style qui rappelle Deneika